Repeindre la chambre en blanc et bleu. En profiter pour tout ranger dans le chiffonnier et la commode, épousseter tous les livres et les cadres.
Pour les bricoleurs, faire une tablée au soleil et servir, à la demande générale, des macaronis au gratin.
Aider une vieille dame à trier ses papiers mais, surtout, faire avec elle le tour de son jardin qui fut aussi un magnifique potager, admirer ses roses et l’écouter sans l’interrompre.
Retrouver la recette de biscuits qu’on aimait faire à un moment, sans œufs, avec de l’huile d’olive. Les petits biscuits qu’on roulait dans le sucre croquant.
Se réjouir de voir les gerberas de l’an dernier refleurir : il y en a trois beaux jaunes.
Terminer La vie de ma voisine, de Geneviève Brisac, bien avancer dans L’art de vieillir d’Anselm Grün et dans la correspondance des sœurs Brontë.
Prendre date pour le dîner des copines qui se fera à la maison. Prévoir le menu.
Un soir, la sonnette retentit, et c’est la jeune voisine qui apporte du muguet.
Recevoir une jolie carte montrant un hérisson craquant.
Parler avec enthousiasme à des collègues de Dans la forêt et, plus généralement, de la simplicité volontaire. Donner ainsi à quelqu’un la méthode pour faire sa lessive soi-même.
jean hegland
-
Moisson.
-
Passer la soirée dans la forêt. Ter.
La dernière page du livre s’est refermée mais on continuera longtemps à poursuivre la lecture de Dans la forêt, de Jean Hegland. Le silence, après la lecture d’un livre si essentiel, est encore de la lecture.
La dernière partie du livre est courte mais très dense. Après un temps de stupeur face au cataclysme subi par la société de consommation, un temps d’attente mêlé d’aveuglement, un temps de résistance, puis d’adaptation, vient le temps de l’acceptation : si plus rien ne sera comme avant, il ne s’agit pas de faire avec, de faire au mieux, mais de faire autrement et, oui, d’accepter d’être quelqu’un d’autre, un être tout à la fois neuf et innovant.
A la fin du livre, les deux sœurs en ont fini avec les carcans. Eva a longtemps voulu être danseuse ; face à un grand miroir, elle a plié son corps à une barre pendant toute sa vie ; enfin, « avec de nouveaux mouvements qui n’avaient pas de noms, elle a dansé la danse d’elle-même, tantôt sauvage, tantôt tendre, tantôt pesante, tantôt sautillante ». Nelly espérait entrer à Harvard ; elle découvre vraiment la forêt et y puise la vie : « Je suis juste un noyau, un grain, un bout de charbon de bois enfoncé dans un morceau de chair qui respire, qui écoute la pluie. Ma vie emplit cet endroit, elle n’est plus pauvre, ni perdue, ni volée, ni n’attend plus de commencer ».
Elles sont.