La dernière page du livre s’est refermée mais on continuera longtemps à poursuivre la lecture de Dans la forêt, de Jean Hegland. Le silence, après la lecture d’un livre si essentiel, est encore de la lecture.
La dernière partie du livre est courte mais très dense. Après un temps de stupeur face au cataclysme subi par la société de consommation, un temps d’attente mêlé d’aveuglement, un temps de résistance, puis d’adaptation, vient le temps de l’acceptation : si plus rien ne sera comme avant, il ne s’agit pas de faire avec, de faire au mieux, mais de faire autrement et, oui, d’accepter d’être quelqu’un d’autre, un être tout à la fois neuf et innovant.
A la fin du livre, les deux sœurs en ont fini avec les carcans. Eva a longtemps voulu être danseuse ; face à un grand miroir, elle a plié son corps à une barre pendant toute sa vie ; enfin, « avec de nouveaux mouvements qui n’avaient pas de noms, elle a dansé la danse d’elle-même, tantôt sauvage, tantôt tendre, tantôt pesante, tantôt sautillante ». Nelly espérait entrer à Harvard ; elle découvre vraiment la forêt et y puise la vie : « Je suis juste un noyau, un grain, un bout de charbon de bois enfoncé dans un morceau de chair qui respire, qui écoute la pluie. Ma vie emplit cet endroit, elle n’est plus pauvre, ni perdue, ni volée, ni n’attend plus de commencer ».
Elles sont.
être à soi-même
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Passer la soirée dans la forêt. Ter.