Jour de grand marché à Sanary.
Déambuler dans les allées.
Regarder, palper les étoffes des vêtements, sortir un cintre pour essayer grosso modo une tunique, simplement pour voir la longueur, entendre les commerçants pousser d’une voix claire leurs slogans alléchants : « Tout à 10 euros aujourd’hui Madame », « Fabrication française, Madame ».
Remarquer des vestes. En essayer une. En essayer une autre. Sans réfléchir lancer : « Je prends les deux ».
Remarquer des chaussures. En essayer une paire. La vendeuse, douée, indique : « J’ai les mêmes, dans une autre couleur ». Essayer l’autre couleur. Prendre les deux.
Remarquer des visières. En mettre une. Elle est en paille, avec un joli petit foulard orange qui flotte élégamment dans le cou. « En fait, j’en voulais une bleue ». La vendeuse, souriante, dit : « Mais j’ai celle-là, regardez. C’est italien. » Essayer la bleue. Poser les deux visières l’une à côté de l'autre.
Alors, récapitulons : on a pris deux vestes. Et ensuite, on a pris deux paires de chaussures…. Est-ce raisonnable de prendre deux visières ? Non. Tant pis. « Je prends les deux, Madame ».
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Passer la soirée avec Marie et Rosa. Bis.
Deuxième lecture de L’idée ridicule de ne plus jamais te revoir, de Rosa Montero. Dans ce livre, Rosa Montero s’appuie sur Marie Curie pour pouvoir évoquer la perte de son compagnon de vie. Elle réfléchit sur la vie, sur la mort, et de ce fait, sur le bonheur.
« L’insatisfaction des êtres humains, cette envie d’avoir toujours quelque chose de plus, de mieux, de différent, est à l’origine de malheurs innombrables. Qui plus est, le #Bonheur est minimaliste. Il est simple et dépouillé. C’est un presque rien qui fait tout. Comme cette journée des Curie à la campagne, sous le soleil, face à la vallée. » (page 170).
Elle cite alors le journal que Marie Curie a écrit durant l’année qui a suivi la mort brutale de Pierre, son mari.
« Dans la matinée tu t’assis dans la prairie que l’on rencontre en prenant le chemin vers le village (…) Irène (leur fille) courait après les papillons avec un méchant petit filet et tu trouvais qu’elle n’en attrapait pas. Cependant, elle en saisit un à sa grande joie, je l’ai amenée à lui rendre la liberté. Je me suis assise contre toi et je me couchais en travers de ton corps. Nous étions bien, j’avais un petit serrement de cœur de te sentir las, mais je te sentais cependant heureux. Et moi-même j’avais le sentiment que j’avais fréquemment éprouvé les derniers temps, que rien ne nous troublait plus. Je me sentais calme et pleine d’une douce tendresse pour l’excellent compagnon qui était là avec moi, je sentais que ma vie lui appartenait, mon cœur débordait d’affection pour toi, mon Pierre, et j’étais heureuse de sentir que là, auprès de toi, dans ce beau soleil et devant la vue divine de la vallée, rien ne me manquait. » (page 170).