En sortant de la grande maison, on longe le lac qu’on peut ainsi admirer tout son saoul ainsi que les tilleuls en pleine floraison. Après un bon moment de marche, on repère, sur la droite, une petite route qui monte en serpentant. On la suit. De part et d’autre, des jolies maisons aux balcons fleuris de géraniums roses et rouges et souvent flanquées d’hortensias bleus qui se sont développés à profusion ou de bougainvillées fuchsias dont certains ont pris d'assaut même les toits. Entre les maisons, des arbres, toujours des tilleuls, des pins, des eucalyptus ; des fougères et des lauriers-roses. On aimerait bien quitter la route et justement, dans un tournant, on est attiré par un sentier qui lui aussi serpente et s’élève. On l’emprunte. Il y a toujours des fleurs, des arbres et, en contre-bas, le lac et les montagnes. Plus loin encore, on ne voit plus ni devant ni derrière la moindre maison mais les cimes des montagnes qui se succèdent comme des vagues jusqu’au bout de l’horizon. L’air, d’une grande clarté, allège tout. Pas un bruit, que celui des pas. On poursuit sur le sentier qui descend. On retrouve une route dont on suppose qu’elle mène aux bords du lac. Effectivement, après un bois de bouleaux, de nouveaux des maisons fleuries, les petites rues sombres du centre-ville, et les quais. On se rend compte qu’on a bien marché et comme juste à ce moment-là un bateau arrive à l’embarcadère, on le prend pour rentrer ce qui boucle la promenade.
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Avec la vieille dame.
Dans le parc de la grande maison où on est venu se reposer quelques jours, s’installer sous les tilleuls pour écrire quelques cartes postales.
On les étale sur la table en pierre et on se met à écrire tranquillement, s’arrêtant quelques fois pour écouter le chant des oiseaux.
Une vieille dame, pensionnaire de cette grande maison – on l’a vue à plusieurs reprises déjà – s’avance de son pas hésitant et lent. On la regarde et on lui fait un petit signe de la main. Elle répond avec un large sourire et marche un peu plus vaillamment.
Elle s’approche de la table et du banc et dit bonjour dans sa langue chantante. On lui répond et on lui sourit. Alors, elle continue à parler et demande qui on est, d’où on vient, pour combien de temps on est là, et pourquoi. A chaque question, on répond. On lui fait une place sur le banc et elle s’assied. Elle touche les cartes postales et elle dit qu’elle aimait tant en écrire, aussi, mais elle ne peut plus – elle montre sa main déformée par l’âge – et puis il n’y a plus personne à qui elle pourrait en envoyer. On lui demande qui elle est, d’où elle vient, pour combien de temps elle est là, et pourquoi. A chaque question, elle répond. Au fur et à mesure, elle s’anime. On finit par rire ensemble et quand arrive le moment de rentrer, on marche d’amble dans la grande allée, comme deux amies. On écrira les cartes postales une autre fois.