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  • L’antan. Souffle autour des pissenlits.


    Sur la pelouse qui longe le chemin vers l’embarcadère, d’innombrables pâquerettes conversent avec tout autant de pissenlits. Certains de ces derniers ont déjà fané et la fleur s’est transformée en une aigrette dont le nom même, aigrette, est léger comme le souffle. Je ne peux pas résister et j’en cueille un puis je souffle sur les akènes qui s’envolent.
    Enfant, j’allais me promener dans un parc aux arbres centenaires dont les vertes pelouses descendaient en pente douce vers un lac dans lequel des truites étaient laissées tranquilles. On avait le droit, à l’époque, d’aller leur donner du pain, ainsi qu’aux deux ou trois cygnes qui occupaient les lieux.
    Sur ces vertes pelouses, donc, il y avait aussi des pâquerettes et tout autant de pissenlits. Et cette même brise légère quand on était en mai. Parfois, on arrêtait notre course pour cueillir des pâquerettes et on en détachait les pétales : je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout… Ou un bouton d’or, il y en avait aussi, et on le mettait sous le menton d’une compagne de jeu pour lui dire si elle aimait le beurre et après, on riait.
    Quant aux pissenlits, comme je l’ai fait hier sur le chemin, on prenait ceux qui étaient fanés, on les approchait des lèvres, on soufflait pour faire s’envoler cette si fine aigrette composée de tant d’akènes. Je me souviens que je les regardais s’élever vers le ciel et il me semblait qu’aucun d’entre eux ne tombait jamais, comme si mon souffle qui avait précédé de peu celui du vent, leur avait permis de prendre cet envol et de réaliser ainsi leur rêve d’aller au-delà d’eux-mêmes.