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S’aimer comme on est : imparfait.

Durant l’été, et tout particulièrement cette semaine du 15 août, relire d’anciens Bonheurs du Jour : une note publiée le 1er octobre 2021, Pistes pour le mois d’octobre.

« S’aimer comme on est : imparfait.

Voici une piste difficile à suivre, comme celle qu’on a suivi ces derniers jours dans un massif forestier touffu. Elle était à peine visible car depuis fort longtemps sans doute aucun marcheur ne l’avait empruntée et que pour les chèvres seules elle était devenue familière. Pourtant, en regardant bien où on mettait les pieds, en n’hésitant pas à s’égarer en se dirigeant parfois trop à droite ou trop à gauche ou trop tout droit ce qui obligeait à revenir en arrière pour la retrouver, cette trace sinueuse et imparfaite, a mené à une belle clairière baignée de soleil où il fut bon de rester dans un calme d’oiseaux et de ramures chantants.

Ce chemin, il n’était « pas ». Pas droit, pas clair. Il était « trop ». Trop pentu, trop glissant, trop pierreux. Il n’était « pas assez ». Pas assez précis, pas assez lisible, pas assez large. On pouvait se demander si, tout compte fait, il se connaissait lui-même car comment cela pouvait-il se faire qu’un chemin n’en soit pas vraiment un puisqu’on ne voyait pas toujours vers où il voulait aller ? C’est quand on a accepté ce qu’il était, une trace, une ébauche de trace même, qu’on l’a mieux compris et qu’on l’a mieux suivi. D’ailleurs, après la clairière, allez savoir pourquoi, on pouvait le suivre sans le chercher pour monter au sommet et regarder l’horizon.

C’est peut-être ce que nous devons faire pour être nous-mêmes : ne pas être suffisamment précis quand on ne sait pas tout à fait encore qui on est ni où on va ni comment, ne pas s’astreindre à être sûr de soi, à être irréprochable, inaltérable, inoxydable, quelqu’un qui va bien droit devant, qui répond aux attentes, si fortes, trop fortes. Nous avons tous nos pierres qui ralentissent notre marche et qui nous font glisser, nos pentes qui nous essoufflent, nos indécisions pour savoir s’il faut faire comme çi ou comme ça, nos limites parce qu’on ne peut pas ou qu’on ne sait pas…

La petite trace dans la forêt ne pouvait pas être à la fois cette piste parfois illisible et un grand chemin bien net balisé de temps en temps par une marque sur un arbre, de ces chemins que tout le monde connaît, fixés sur des cartes. Immuables ? Peut-être qu’elle avait rêvé d’être un chemin parfait ? Comment connaître les rêves d’une trace dans la colline ? Mais on veut croire que quand elle a vu autour d’elle pousser les herbes folles, cavaler les pierres, se dessiner sur sa terre les sillons de la pluie, elle s’est trouvée sacrément belle. »


Commentaires

  • magnifique
    merci


    à suivre ....

  • Bonjour, chère Barbara, et merci pour ce commentaire. Ta fidélité et ton enthousiasme, tu le sais, me touchent toujours.
    Bon mardi.

  • Mais non : bon jeudi !

  • ♥♥ hi hi hi moi aussi je suis toute décalée
    en plus avec les jours fériés nationaux ,les jours de fêtes locaux (fêtes de la Libération Provence) ou services municipaux fermés entre autres je sais plus me situer

    bon vendredi
    !!!

  • c' est beau ! merci

  • Bonjour, chère Irène, et merci pour ce commentaire. Chemin. Un mot important, comme tu le dis dans un autre commentaire.
    Bon jeudi.

  • Très beau texte.

  • Bonjour, chère Emma, et merci pour ce commentaire.
    Bon jeudi.

  • À lire et à relire...
    Belle semaine ensoleillée

  • Bonjour, chère Miss Parker, et merci pour ce commentaire.
    Bon jeudi.

  • Je me souviens très bien de ce chemin que Sylvain Tesson
    aurait peut-être appelé « noir »….
    Cette manière de dessiner nos vies, nos questions,
    nos non-réponses, nos mystères et, de temps à autre,
    nos lumières vives, vous l’avez saisie avec finesse,
    chère Marie !

    Plus le temps passe, plus nous songeons
    à nos années passées : tant de chemins empruntés,
    tant de routes droites, d’allées fleuries,
    de ruelles tortueuses ou de promenades si douces ;
    voilà la description de nos vies rassemblée ici
    en une allégorie que je trouve….engageante !

    Qu’est devenu votre chemin imparfait ?
    La clairière a-t-elle été préservée ?
    Merci pour cette idée d’imperfection qui présidera
    à nos interrogations présentes et à venir…
    et vive la liberté !!!

  • Bonjour, chère Fiorenza, et merci pour ce commentaire. Ce chemin se poursuit, lumineux, pas du tout noir. Les clairières sont çà et là, lumineuses aussi. Avec l'âge, peut-être plus de détachement quand le chemin exige de revenir en arrière ou d'aller plutôt d'un côté ou d'un autre.
    Bon jeudi.

  • Marcher sur la terre ou se laisser voguer au fil de l'eau ?
    Décider de chaque direction ou se laisser emporter ?
    Signe de terre ou d'eau?
    La marche induit de la réflexion voir de la philosophie ? Et la navigation ?
    Bon cheminement ce jour

  • Bonjour, chère Jo-Elle, et merci pour ce commentaire. Marcher ou naviguer : toujours il faut se repérer tout en se laissant porter.
    Bon jeudi.

  • Je crois que jusqu'au dernier jour de notre vie, on cherche la trace. Du moins c'est ce que j'ai cru percevoir avec ma mère jusqu’à sa mort à 102 ans et demi. Parfois le chemin peut paraître plus large, oui mais il suffit d'une pierre pour nous faire butter et nous remettre en cause. Il faut beaucoup de courage pour vivre même si on n'a pas trop le choix.

  • Bonjour, chère Chêne vert, et merci pour ce commentaire, accompagné de ce témoignage personnel si fort. Au courage de vivre, j'ajouterai la joie de vivre.
    Bon jeudi.

  • Que c'est beau et tellement vrai...Merci pour cette rediffusion. Oui s'aimer tel que l'on est, et aimer la vie tout imparfaite qu'elle soit, et chercher toujours notre voie courageusement.

  • Bonjour, chère Manou, et merci pour ce commentaire. Des mots très gentils.
    Bon week end.

  • L'être humain est perpétuellement en devenir, et donc, inévitablement imparfait. Son chemin de vie n'est jamais gagné, il apparaît, disparait, toujours à refaire. Et c'est peut-être là, dans cette imperfection, cet "inachevé", que réside la vraie, l'ultime beauté.

  • Bonjour, chère Baladine, et merci pour ce commentaire. Vos mots sont justes et précis.
    Bon week end.

  • j'aime énormément ce texte alors toc je fais copier coller pour ma petite collection personnelle

  • Bonjour, chère Dominique, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • Un chemin si beau, qu'on a envie, là, tout de suite de s'y élancer !

  • Bonjour, chère Livia, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • Trés beau texte ! Il me fait penser à ce magnifique poème de Antonio Machado ( chassé d'Espagne par le franquisme, mort en 1939 , )

    "Tout passe et tout reste
    Mais notre destin est de passer
    Passer en faisant des chemins
    Des chemins sur la mer

    Voyageur, ce sont tes empreintes
    Le chemin, et rien de plus
    Voyageur, il n'y a pas de chemin,
    On fait le chemin en marchant

    Et lorsque l'on regarde derrière
    On voit le sentier que plus jamais
    On ne foulera de nouveau
    Voyageur, il n'y a pas de chemin,
    Seulement, un sillage dans la mer..."

  • cela me fait irrésistiblement penser que l' association où je suis bénévole et qui s' occupe de "gens en difficulté" s'appelle maintenant "En chemin". Chemins pour les accueillis, les salariés et les bénévoles...nous cheminons ensemble

  • Bonjour, chère Zoé, et merci pour ce commentaire, ainsi que pour ce poème de Machado. Ce rapprochement est un honneur.
    Bon week end.

  • C'est tout un apprentissage, cette acceptation, quand on est perfectionniste. Un très beau billet à relire, merci, Marie & bonne semaine.

  • Bonjour, chère Tania, et merci pour ce commentaire. Vouloir la perfection, c'est une tentation que nous connaissons tous, hélas ; certainement liée à notre éducation. Mais désormais, je m'applique à être imparfaite, ce qui me fatigue beaucoup moins.
    Bon week end.

  • Route, chemin, écart, clairière...Nous faisons et nous sommes ce chemin. Humains, il ne peut présenter une rectitude balisée de certitudes à laquelle nous aspirons parfois. La perfection existe-t'elle ? je en le crois pas et ne suis pas sûre de le souhaiter.
    Merci pour ce beau sujet de réflexion, et le passage sur mes pages. Bonne journée.

  • Bonjour, chère Florence, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • "errer" ne sachant où aller mais à chaque pas s'émouvoir du chemin parcouru et continuer sans chercher à comprendre ...
    beau texte !
    amitié .

  • Bonjour, chère Marie-Claude, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • j'aime particulièrement le dernier texte.. la poésie est toujours sur votre chemin...

  • Bonjour, chère Sedna, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • On oublie trop souvent que nous sommes des "animaux", et donc comme eux. Le petit chemin dont tu parles, peut être que c'est à cause de la peur des chasseurs que personne depuis longtemps ne s'y est aventuré. Bonne semaine !

  • Bonjour, chère Elisabeth, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • L'homme parfait ou la femme parfaite, je ne les ai jamais rencontrés ! Et mon chemin en zig-zag ne m'a jamais fait croire que j'étais parfaite, loin de là !
    J'aime beaucoup les histoires de chemins, ton texte me ravit, oh combien ! Si poétique !

  • Bonjour, chère Enitram, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • L'imperfection qui lui donne sa beauté.
    Les chemins balisés nous rassurent. En ce moment avec ma jambe et sa genouillère, j'apprécie les chemins bien tracés. Sur un chaume aujourd'hui j'ai apprécié la douceur de la terre. Bises

  • Bonjour, chère Andrée, et merci pour ce commentaire. Ce que tu dis est très juste. Par moments, nous avons besoin de certitudes puis nous reprenons notre liberté et donc notre curiosité pour aller explorer des petits chemins difficiles.
    Bon week end.

  • Coucou chère Marie,
    Je me souviens de ces mots, pourtant je crois ne pas les avoir assez lus et relus...
    Merci pour ce rappel judicieux !
    Je t'embrasse en te souhaitant une nuit paisible.

  • Bonjour, chère Pahi, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • Comme Dominique, j'aime tellement ton texte que je l'ai copié pour pouvoir le relire sur papier, régulièrement. Merci, bonne fête Marie !

  • Bonjour, chère Colo, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • Qu'il est beau, ce texte, pour moi qui n'ai jamais su tracer mon chemin, et qui à mon corps défendant, tout au long de ma vie, ai emprunté les plus tortueux et les plus improbables.
    Je vous souhaite une journée dorée à l'or fin des soleils provençaux, pour cette fête qui est vôtre, et mienne un peu aussi puisque Marie est mon second prénom !

  • Bonjour, chère Triskell, et merci pour ce commentaire. Mais, justement, ces chemins que vous avez empruntés vous ont "enrichi" : il n'y a qu'à voir la beauté de vos posts !
    Bon week end.

  • « S’aimer comme on est : imparfait «  très bien résumé.
    Compliqué de suivre un chemin tracé mais finalement les chemins sinueux voire même vertigineux sont souvent plus jolis.
    Bonne fête à toutes les Marie !

  • Bonjour, chère Thaïs, et merci pour ce commentaire.
    Bon week end.

  • Quel texte magnifique ! Il fait écho en moi en ce moment, qui me sent un peu comme ce petit chemin... un peu perdue.
    Merci :) et belle journée à vous !

  • Bonjour, chère Pantoufle, et merci pour ce commentaire. Il faut faire confiance au chemin.
    Bon week end.

  • être indulgent avec soi-même comme pour les autres...
    mais savoir ce qu'on a encore à polir, raboter...
    Bonnes balades malgré les aspérités

  • Bonjour, chère Giovinetta, et merci pour ce commentaire. Polir, raboter, comme l'artisan qui s'applique, recommence, se concentre...
    Bonne fin de week end.

  • S'accepter tel que l'on est, c'est déjà bien! Et puis l'imperfection peut avoir du charme........

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