Le vent souffle fort. Tout au long de la corniche de Tamaris, il froisse l’eau. Elle tremble de froid et frémit en des milliers de vaguelettes mousseuses. En traversant la plage des Sablettes, c’est le sable, alors, qui tourbillonne. On rabat sur les oreilles le chapeau blanc. C’est dès là que le concert du vent s’annonce.
Il devient plus clair quand on arrive au port de St Elme. On enlève le chapeau. On s’assied sur les pierres. On écoute les drisses tintinnabuler, le vent souffler, les vaguelettes clapoter, les galets rouler. Parfois, le vent reprend sa respiration et il y a comme un tout petit silence avant que ne débute un deuxième mouvement ou encore un troisième.
Au retour, on emporte avec soi ce concert du vent.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 151
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Le vent dans les drisses.
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La promenade du soir.
Après dîner, on part faire un petit tour dans le quartier, jusqu’à la baie et retour. Le soir d’été lutte encore un peu avant de laisser sa place à la fin du jour mais on a bien compris qu’il en sera ainsi maintenant : il partira de plus en plus tôt car c’en est bien fini de l’été plus fort que tout. En haut de la côte, déjà on aperçoit la mer. Et quelques bateaux posés pour la nuit. Il n’y a même pas de clapotis sur la berge car les navettes aussi sont rentrées. On s’assied un instant sur le muret dont la pierre est tiède. Au retour, on fait des pauses à chaque figuier respirer leur parfum tantôt âcre tantôt sirupeux et on joue à poser pour la mesurer la main sur quelques feuilles. C’est le figuier qui gagne à ce jeu-là. Après avoir tourné au carrefour, ce n’est plus le même parfum qui règne. C’est celui des belles-de-nuit. Il est frais, et même lumineux comme le jaune des fleurs en corolle. On peut récolter trois ou quatre graines. On les pose le long du mur de la maison, au cas où.