Faire une tarte aux pommes sans sucre mais avec beaucoup de vanille
Préparer une jolie table en sortant les porte-couteaux et les petites cuillères en argent
Partager le repas, partager la conversation, écouter les uns et les autres
Penser à ceux qui ne sont pas là ; penser à ceux qui n’ont pas de chez eux
Admirer les tulipes, les anémones, les narcisses et puis maintenant les jonquilles
Parler bulbes de tulipes et de muscaris
Evoquer les crocus et les violettes dans les bois
Marcher bras dessus bras dessous le long de la mer en s’émerveillant du ciel
S’asseoir dans la salle de concert
Attendre patiemment en parlant encore parfois mais déjà à voix basse
Ecouter du Chopin, du Debussy, du Rachmaninov
Regarder les mains du pianiste
Applaudir de joie
Au retour, bras dessus bras dessous, rester en silence
En rentrant dans la maison, percevoir ce doux parfum de la vanille resté en suspens
Rendre grâce
MOISSONNER / Moisson - Page 13
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Petites choses, petits riens d’un dimanche.
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Frêle armure de paix.
Ce qui est beau existe même si je ne vais pas le regarder. Il y a le beau que j’ai la chance de pouvoir aller voir parce qu’il est autour de moi, les mimosas à l’acmé de leur floraison, les amandiers éclatants, les ciels, et les sourires aussi ; mais aussi ce beau dont j’ignore encore tout, celui que je découvrirai parce que je lui ai déjà fait une place en moi. Il est cette « frêle armure de paix » (1) que chacun peut revêtir pour juste un instant. Nous en avons tous, de ces si frêles armures…
(1) Patrick Leigh Fermor, « Un temps pour se taire », p. 77, traduit de l’anglais par Guillaume Villeneuve, Ed. Nevicata, 2015