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l'antan - Page 2

  • L’antan. Souffle autour des pissenlits.


    Sur la pelouse qui longe le chemin vers l’embarcadère, d’innombrables pâquerettes conversent avec tout autant de pissenlits. Certains de ces derniers ont déjà fané et la fleur s’est transformée en une aigrette dont le nom même, aigrette, est léger comme le souffle. Je ne peux pas résister et j’en cueille un puis je souffle sur les akènes qui s’envolent.
    Enfant, j’allais me promener dans un parc aux arbres centenaires dont les vertes pelouses descendaient en pente douce vers un lac dans lequel des truites étaient laissées tranquilles. On avait le droit, à l’époque, d’aller leur donner du pain, ainsi qu’aux deux ou trois cygnes qui occupaient les lieux.
    Sur ces vertes pelouses, donc, il y avait aussi des pâquerettes et tout autant de pissenlits. Et cette même brise légère quand on était en mai. Parfois, on arrêtait notre course pour cueillir des pâquerettes et on en détachait les pétales : je t’aime, un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout… Ou un bouton d’or, il y en avait aussi, et on le mettait sous le menton d’une compagne de jeu pour lui dire si elle aimait le beurre et après, on riait.
    Quant aux pissenlits, comme je l’ai fait hier sur le chemin, on prenait ceux qui étaient fanés, on les approchait des lèvres, on soufflait pour faire s’envoler cette si fine aigrette composée de tant d’akènes. Je me souviens que je les regardais s’élever vers le ciel et il me semblait qu’aucun d’entre eux ne tombait jamais, comme si mon souffle qui avait précédé de peu celui du vent, leur avait permis de prendre cet envol et de réaliser ainsi leur rêve d’aller au-delà d’eux-mêmes.

  • Escargots et basilic, fleurs, l’antan.


    Les escargots doivent penser qu’il n’y a désormais plus de basilic sur la terrasse : après avoir oublié un soir de rentrer le pot dans l’appentis pour le mettre à l’abri de leur appétit, on a constaté au matin qu’aucun gastéropode n’était venu dans la nuit. Le stratagème fonctionne. Bien sûr, il faudra rester vigilant et rentrer le pot chaque soir au moment de fermer les volets mais si on oublie une fois de temps en temps, ça ira. Toutefois, merci de ne pas informer les escargots de mes possibles distractions.

    Marcher dans la colline et relever sur un petit carnet les noms de toutes les fleurs sans avoir la certitude de pouvoir y arriver, tellement elles étaient nombreuses : fleurs du thym, asphodèle, genêt, ciste cotonneux, immortelle, sainfoin, silène, aphyllante, vipérine, camomille, fenouil, bouton d’or … Et puis il y en a dont il faudra chercher le nom dans les livres de botanique.

    Autour de la table où sont posés pelotes de laine, boîtes à couture, tricots ou raccommodages en cours, parler de la vie et évoquer ce que faisaient nos mères et grands-mères, l’antan, pour vivre avec si peu, leur ingéniosité pour faire durer les choses…