Ramener un gros sac de thym de la colline autour de Riboux. Tout embaume dans la maison pendant qu’on l’étale sur la table pour couper le bois des ramettes et détacher les fines tiges qui portent des fleurs. Quand tout cela sera sec, j’égrènerai le tout avant de le ranger dans un sachet de papier. Le thym fleuri est parfait pour la tisane. Peut-être y en aura-t-il suffisamment jusqu’au printemps prochain.
Faire le pain. Là encore, quand il cuit après avoir pris le temps de lever, la maison embaume.
Prendre des nouvelles des uns et des autres, par téléphone ou par courrier.
Au soir, écrire sur le dos d’une enveloppe quelques lignes d’une prière écrite par une sœur de Charles de Foucault, Odette Prévost, entendue à la radio :
Le moment présent est une frêle passerelle.
Si tu le charges des regrets d’hier,
de l’inquiétude de demain,
la passerelle cède et tu perds pied.
Bonheur du jour - Page 186
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Thym, pain, prendre des nouvelles, le moment présent.
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Escargots et basilic, fleurs, l’antan.
Les escargots doivent penser qu’il n’y a désormais plus de basilic sur la terrasse : après avoir oublié un soir de rentrer le pot dans l’appentis pour le mettre à l’abri de leur appétit, on a constaté au matin qu’aucun gastéropode n’était venu dans la nuit. Le stratagème fonctionne. Bien sûr, il faudra rester vigilant et rentrer le pot chaque soir au moment de fermer les volets mais si on oublie une fois de temps en temps, ça ira. Toutefois, merci de ne pas informer les escargots de mes possibles distractions.
Marcher dans la colline et relever sur un petit carnet les noms de toutes les fleurs sans avoir la certitude de pouvoir y arriver, tellement elles étaient nombreuses : fleurs du thym, asphodèle, genêt, ciste cotonneux, immortelle, sainfoin, silène, aphyllante, vipérine, camomille, fenouil, bouton d’or … Et puis il y en a dont il faudra chercher le nom dans les livres de botanique.
Autour de la table où sont posés pelotes de laine, boîtes à couture, tricots ou raccommodages en cours, parler de la vie et évoquer ce que faisaient nos mères et grands-mères, l’antan, pour vivre avec si peu, leur ingéniosité pour faire durer les choses…