Vivre chaque matin comme si c’était un premier matin, du monde ou de sa propre vie, peu importe ; comme ça, les possibilités sont infinies. C’est ainsi qu’il faut vivre : avancer avec les moyens qu’on a, les certitudes qu’on a, les contraintes et les libertés qu’on a, en se disant qu’en fait, on commence. On vit alors dans un présent éternel.
Admirer sur la table un gros bouquet de sauge et un tout aussi gros bouquet de mimosa que les chats viennent inspecter, circonspects devant ces parfums venus d’un autre jardin que le leur.
Recevoir de multiples graines de bignone. Imaginer les feuilles, les tiges, les fleurs ; un foisonnement qui peut être infini : il suffit de planter ces graines qui semblent encore plus légères que des ailes de sauterelles.
Bonheur du jour - Page 205
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Présent éternel, bouquets de sauge et mimosa, graines de bignone.
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Quelques vers de Cavafis, silence choisi, relire, Laure Murat, Oscar Wilde.
Relire une strophe d’un poème de Cavafis, Mer matinale (1) :
Ah, m’arrêter ici. A mon tour contempler un peu la nature.
D’une mer matinale d’un ciel sans nuage
les bleus étincelants, et le sable jaune ; le tout
sous une belle et vaste lumière.
Profiter de vivre dans le silence ; choisi.
Lire avec beaucoup de plaisir et d’intérêt Relire, enquête sur une passion littéraire, de Laure Murat. Et, oui, partager l’opinion d’Oscar Wilde : « Si l’on ne peut trouver de jouissance à lire et à relire un livre, il n’est d’aucune utilité de le lire ne serait-ce qu’une seule fois. »
(1) Constantin Cavafis, En attendant les barbares, NRF Poésie/Gallimard, 1992, page 92