A l’arrêt de bus,
En sortant de la salle d’attente où la machine a finalement donné son verdict
Bien envie de s’asseoir
Sur cette banquette étroite et dure
Une jeune fille y est assise déjà
Les regards se croisent
Les yeux se sourient
Elle se pousse jusqu’à l’extrémité extrême
Et même se tourne
En montrant de la main la place libre
On s’assied en faisant de même
Bien sur le bord
Le dos tourné
Mais les têtes n’en font qu’à leurs têtes et se penchent l’une vers l’autre
Comme les corolles des tulipes dans un vase
On se fait des signes
Avec les mains
avec la tête
Quel monde !
Ah oui ! quel est ce monde dans lequel on vit !
Puis
Un monsieur arrive avec ses tuyaux et sa machine à lui
Son pas est chancelant
D’un bond on se lève pour qu’il s’assied
Et on le lui dit :
Mais asseyez-vous !
Et il répond :
Mais non ! Vous, restez assises !
On répond que non quand même
On se lève
On se rapproche
Il s’assied
Merci ! Parce que ça tourne un peu…
Et on lui dit que, oui, il faut que le monde tourne un peu mieux
Ça pourrait être un début à l'arrêt de bus
Le bus qui arrive
On monte ensemble
On l’aide à valider
On reste pas loin les uns des autres
Comme ça on se parle
C’est mieux depuis qu’ils ont mis un grand bus
Il y en a souvent des bus sur cette ligne
Elle est pratique cette ligne qui mène à l’embarcadère pile poil
Et quand on descend
On lance un grand au-revoir bien sonore
Accompagné d’un signe de la main
Et du sourire qui va bien avec.
Bonheur du jour - Page 343
-
Les appuis.
-
Moisson du 30 octobre 2020.
Tailler le petit hortensia dont les feuilles se racornissent et le mettre au repos dans un coin de la terrasse.
Faire le repassage et ranger l’armoire.
Prendre le bateau et traverser la Rade.
Traverser la ville à pied en souriant sous le masque à ceux qu’on croise car le sourire est un outil de paix ; en recevoir beaucoup en retour et même parfois un petit geste de la main.
Dans la salle d’attente, terminer à regret La chambre des dupes, de Camille Pascal ; cela faisait longtemps qu’on ne s’était pas autant régalé à la lecture d’un roman historique et qu’on n’avait pas autant ri ; bien écrit, plein d’humour, ces pages ont permis aussi de fréquenter la cour de Louis XV, assez peu tentante, finalement.