En marchant le long de la mer, quelques vers de Pedro Salinas sont revenus. Les voici :
Avec joie
Combien, combien en a la mer,
combien de joies !
Etres de lumières, sur l’eau,
dansant sur la pointe des pieds.
Comme les flots finissent bien :
ils meurent en ballerines !
Dans les machines bleues
des fêtes se profilent.
Ni vagues, ni reflets ne sont
tout ce qui brille.
Ni écume celles qui jouent,
déjà évanouies.
C’est la comédie que la jouissance
monte chaque jour.
La constance dans le bonheur.
Oui, celles qui s’obstinent
Comme bonheurs, à être.
Ténacité, dans la félicité.
Les joies, la mer
elle ne les perd jamais.
Alors pourquoi ai-je
la main sur ma joue ?
Tiennes, ou miennes, peu importe,
puisqu’on les voit,
Dans l’air, dans le soleil, laissant resplendir
leur corps d’ondines ?
Si toutes les jubilations sont siennes,
elle me les offre toutes,
Comme la vie, chaque jour,
elle m’offre ma vie,
En acceptant la lumière
qu’une autre aurore m’envoie ?
Les joies qui me manquent,
elle me les fabrique.
Depuis ses lointaines profondeurs
elles cheminent vers moi.
Et là dans les yeux, les siennes
se font miennes.
Pedro Salinas, Avec joie, in La mer lumière, Presses Universitaires Blaise Pascal, 2011, p. 41,
la mer lumière
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Quelques vers pour la journée.
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Moisson.
Avoir le temps de lire deux fois Le berger de l’Avent, de Gunnar Gunnarsson pendant qu’on poireaute dans une salle d’attente puis de se replonger dans La mer lumière de Pedro Salinas resté au fond du sac à dos pour les cas de pénurie de lecture.
Admirer, sur la terrasse, les jolies fleurs des crassulacées et prévoir de rentrer les bruyères.
Faire les vitres : vaporiser du vinaigre blanc et essuyer avec du papier journal.
S'inscrire à la nouvelle médiathèque de Toulon, suivant le principe qu'on n'a jamais assez d'inscriptions à des bibliothèques ou médiathèques.
Préparer des carottes anciennes au four. Des blanches, des jaunes, des roses très foncées dont le cœur est joliment orange.
Ramasser du romarin en fleurs, et du thym aussi.