Parce qu’on ne sera finalement abattue par rien, et surtout pas par la mélancolie, parce que la poésie, les mots, les livres, les oiseaux, les fleurs ou la musique sont des amers inaltérables, passer la soirée avec Philippe Jaccottet, à lire Taches de soleil, ou d’ombre. Recopier ce passage qui redonne des forces :
« Il fait nuit noire encore mais soudain, j’entends un premier cri d’oiseau, une première fusée sonore. Bruit d’eau sur des cailloux. Je ne sais quel est l’oiseau qui chante ainsi le premier – le chasse-doutes. (« Qui n’a pas entendu – mais vous l’avez tous entendu, n’est-ce pas ? – ce petit oiseau sur le bord de l’aube annoncer la naissance d’un monde aussi pur que son chant… »). Je me rappelle par cœur cette phrase de Roud entendue il y a plus de vingt ans et qui, avec quelques autres, m’a fait entrer au cœur même de la poésie. Contre tous les systèmes. Me voici apaisé déjà, hors de tous les nœuds de rêves.
Le monde de la poésie – et ce chant. » (page 58).
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21 juin 2013. Passer la soirée avec Philippe Jaccottet.
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6 avril 2013. Dialogue du jour.
Chercher son chemin dans un quartier qu’on ne connait pas.
Se garer et décider de continuer à pied, plan de la ville à la main.
Le boulevard, calme et désert, est bordé de grands châtaigniers à la ramure encore nue.
Un oiseau chante. Ses trilles traversent le silence, l’air et le jour. On le cherche.
On finit par l’apercevoir, si minuscule, tout en haut là-bas.
Un autre lui répond. Il est dans un autre arbre, presqu’à l’autre bout de la rue. Lui aussi, tout petit.
Ils chantent l’un après l’autre. Ils lancent une musique riche et admirable, un air joyeux et conquérant.
A chaque chant, on tourne son regard vers le faîte d’un arbre puis vers l’autre.
Cela dure et on reste là jusqu’à ce que leur légèreté nous parvienne et nous enveloppe d’une bulle légère et protectrice.