Recevoir un appel de quelqu’un qu’on a toujours et depuis longtemps écouté longuement parler.
C’est quelqu’un qui cherche quelque chose sans savoir quoi. Quelqu’un qui pense qu’ailleurs ce sera forcément mieux ; qu’autrement, ce sera mieux aussi ; qu’hier c’était mieux ; ou que, non, c’est demain, le mieux ; en tout cas, pas maintenant, et pas avec ceux qui sont là, pas avec les vêtements qu’on porte maintenant, il en faudrait d’autres, pas avec ce corps là non plus, il faudrait l’arranger, et les cheveux, faudrait-il les teindre, ou pas, les couper, les laisser pousser. Et finalement, ailleurs, c’était toujours moins bien qu’on ne pensait ; les nouveaux venus non plus n’étaient pas si bien que cela ; le corps plus maigre, le nez plus droit, au fond, …. Quant au nouveau travail, au début, c’était super, mais maintenant, … bof ; en fait, c’était peut-être mieux avant ; ou alors il faudrait aller encore ailleurs, ou faire autrement, non ?
Ecouter. Répondre un peu. Encore écouter. Répondre très peu, car il faut avant tout écouter. De temps en temps, hocher la tête et acquiescer. Dire : oui.... oui.....
Et puis, cet appel, un matin de bonne heure alors qu’on regarde avec plaisir la première fleur de la Véronique installée dans la courette ombragée : « Tu sais, je crois que j’ai compris que la réponse est en moi, dans le regard que je porte sur les autres et surtout sur moi-même. Je vais me poser un peu, déjà. Et apprendre à me satisfaire de ce que j’ai. Ce sera peut-être long…»
véronique
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La réponse est en moi.