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Nouvelles provisions : Pescallo.

Le lac de Côme, c’est comme une mer. C’est grand. On en voit l’horizon vraiment très loin. Ses côtes sont bordées de ports innombrables. Des bateaux de toutes tailles vont et viennent sans fin ; de petits voiliers à la voile aigüe, des hors-bords pressés aux cuivres aguicheurs, des ferry-boats remplis de voyageurs qui ne cessent de prendre des photos, des « rapidos » qui tracent leur chemin en ligne droite. Tous ces bateaux font des vagues et du ressac et quand le vent se lève, on pourrait même parler de houle. Il y a aussi des barques, en bois ; mais souvent, elles sont à sec au bord des pannes. Et qui dit bateaux, dits matelots. Comme Marco. Sur le port de Torno, il vend les tickets, règle la descente et la montée des voyageurs, amarre les ferrys, les laisse repartir et, entre temps, écoute la radio ou va discuter sur la place, juste devant le Bar Italia. Rapidement, on a sympathisé car on a passé du temps avec lui pour organiser des tours du lac. Il nous a bien mentionné, sur le petit dépliant, les horaires et les étapes, en utilisant des fluos de couleurs différentes. Cela lui a plu quand on lui a dit qu’on ne voulait pas prendre de « rapido » car ce qu’on voulait, c’était prendre toute notre temps. Et quand, le matin, on ouvre les volets et qu’il nous aperçoit, il nous fait un petit signe en guise de bonjour. Il faudra attendre après le petit déjeuner, quand on sortira faire quelque pas, poster du courrier ou simplement comme ça, pour qu’on se dise bonjour plus amplement et qu’il nous rappelle à quelle heure est le bateau qu’on veut prendre aujourd’hui. On fait des efforts pour parler en italien, et lui, en souriant, répond en français.
- A che ora è el ferry per Bellagio, prego ?
Mais le lac de Côme, ce n’est quand même pas la mer, car on y voit des cygnes. Comme ce matin-là, à Pescallo. Il était encore très tôt et il faisait si chaud qu’on aurait bien aimé se baigner un peu. Alors, on descendit loin de la foule. Là, ce qui fut un port de pêche était tout immobile et désert. L’anse bien protégée par quelques maisons silencieuses. Les bateaux se reposaient aussi. En face, les montagnes si boisées qu’elles en étaient frisées tremblotaient sous le soleil et le ciel bleu tirait les cœurs vers l’allégresse. On osa briser l’onde lisse par quelques pas furtifs car on ne voulait pas déranger. Attirés par ce mouvement, un cygne alors surgit du plein soleil. Il s’arrêta. Un deuxième le suivit et s’arrêta également. Il ne fallait plus ni bouger, ni même respirer. Ils étaient là, si près ! Quand ils eurent fini leur inspection et jugèrent qu’on avait simplement posé là, oubliés peut-être par des humains négligents, quelques chapeaux et plusieurs paires de pieds sans aucun danger, trois petits arrivèrent, affairés, bien rangés les uns derrière les autres.
En exergue au Serpent d’étoiles, Giono cite ces mots de Walt Whitman : « Votre œuvre peut-elle faire vis-à-vis à la pleine campagne et au bord de la mer ? »

Commentaires

  • Même au bord du lac, Giono n'est jamais bien loin...
    J'imagine très bien cette famille de cygnes, bien alignés comme dans un livre d'enfant où il seraient dessinés de trois traits de pinceau légers.

  • C'était une vision magique et, effectivement, comme dans un livre d'enfant dont on tournerait les pages lentement en racontant une histoire merveilleuse.
    Bonne journée.

  • Joli texte que j'ai pris plaisir à lire. Belle semaine

  • Merci ! A bientôt.

  • Magnifiquement écrit... j'ai beaucoup aimé ce texte, vivant, plaisant..
    Merci Bonheur du Jour pour tes billets.
    Bonne soirée.
    Den

  • Merci de venir les lire ici.
    Bonne journée et à bientôt j'espère.

  • Toujours beaucoup de plaisir à lire les récits de vos belles vacances italiennes. Au printemps lors d'une promenade près d'un étang nous avons bien involontairement dérangé Mr cygne en pleine parade nuptiale, qui s'est précipité vers nous, furieux, plumes hérissées et sifflant en allongeant son cou, nous avons dû battre en retraite bien vite !
    Ce matin brocante dans un village, entre autres jolies trouvailles, un beau livre de Giono L'homme qui plantait des arbres et 13 autres contes et récits.... encore de beaux moments de lecture en perspective !

  • J'aime aussi farfouiller parmi les livres d'occasion dans les brocantes. Les livres neufs sont parfois un peu aseptisés.
    Bonne journée !

  • C'est très joliment conté ! On s'y voit.
    Belles vacances !

  • Merci ! Il y a très peu de chats autour du lac de Côme....

  • Que votre billet est beau. J'ai l'impression d'avoir les pieds dans l'eau dans ce beau lac de Côme avec les cygnes.
    Belle continuation de vacances en flânant et avec Giono.
    Douce soirée!

  • Merci. Je continue Giono avec le Serpent d'étoiles ; magnifique.
    Bonne journée.

  • Dieu que tu écris bien ............un vrai bonheur !

  • Merci ! J'aime tant écrire !

  • C'est une région que j'ai très envie de découvrir un prochain jour. Quant à Giono : j'aime beaucoup .

  • Je découvre vraiment ce lac de Côme. Un lieu exceptionnellement beau.
    Bonne journée.

  • Je garde un souvenir émerveillé de ces quelques jours passés l'année dernière dans la région des lacs et de leurs magnifiques jardins.
    Nous avions pris le bateau entre la villa Carlotta à Tremezzo et Bellagio où nous avions passé la nuit.
    Et quel plaisir de parler italien!
    Merci !

  • Je vais prendre des cours, je crois bien, pour être plus autonome à mon prochain voyage.
    Bonne journée !

  • Quel beau moment, c'est magnifique! Bise et bon lundi tout en douceur!

  • Merci beaucoup. Bonne journée à toi aussi.

  • Vous avez le goût des voyages et le talent pour les raconter. Jolis moments de rencontres variées, Marco, les cygnes ...

  • Merci. J'aime écrire.

  • Instant suspendu et l'écho avec Giono. Faire vis-à-vis et non pas faire face ...

  • C'est bien dans mon tempérament, cela, de ne pas faire face...
    Bonne journée.

  • je te remercie pour ce moment de bonheur - je me souviens en te lisant, du clapotis de l'eau, des vieilles pierres, des chemins dans la montagne et de la vieille église ...
    bises et bonne continuation

  • Je suis contente que cela t'ait rappelé de bons souvenirs.

  • Un bien jolie récit de moments de rêve avec Marco, le ferry mui lento, les cygnes et Giono, merci et bonne continuation!

  • Merci ! Bonne soirée et à très bientôt.

  • Belle plume pour ce texte enchanteur

  • Merci ! C'est gentil !

  • Nous avons eu le plaisir de visiter cette belle région.
    Ton écriture est belle et pleine de saveurs de ce quotidien que nous n'apprécions pas toujours à sa juste valeur.

  • C'est vraiment une région magnifique que je suis heureuse de découvrir. Et d'en partager la découverte ici.

  • Très belle évocation...

  • Merci pour ces jolis billets, où l'on s'évade avec bonheur, j'ai particulièrement apprécié celui où l'on réapprend les réussites, je note de lire au plus vite Que ma joie demeure
    Belle semaine et à bientôt
    Bise

  • Je vous souhaite une belle lecture de Giono.

  • Il y a quelque chose de tellement poétique dans tes mots quand tu parles de ce lac magnifique. On a juste une envie, s’y tremper les pieds et rencontrer Marco pour prendre le ferry. Et pourquoi pas, en attendant le prochain départ, manger une bonne gelato! :D
    Ce voyage est à rêver, j’adore l’Italie…
    Bisous

  • Moi aussi j'adore l'Italie. J'aimerais y vivre, vraiment.

  • je me souviens d'un orage sur le lac de Côme, tôt le matin, des bourrasques de vent, et le lac si agité. C'était magnifique et inquiétant, cette mer intérieure déchainée. C'était à Bellagio.
    Quelle rencontre poétique avec les cygnes!
    Bon dimanche.

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