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La première marche.

La chambre est sobrement meublée. Il n’y a rien ici que l’essentiel. Un lit, un chevet surmonté d’une lampe en cuivre, une table et une chaise. Sur la table un livre, un carnet, un stylo, et comme on n’a pas pensé à prendre un réveil en partant et qu’on ne porte jamais de montre, on ne sait pas l’heure qu’il est. Ce n’est pas grave, car l’important n’est pas de savoir l’heure qu’il est sur un cadran.
C’est le temps de la pause, dans ce lieu tellement silencieux qu’on s’en voudrait de faire du bruit : on se déplace sur la pointe des pieds quand on ne reste pas au petit bureau qui donne sur la colline ensoleillée.
C’est l’heure du silence.
C’est l’heure d’un temps de réflexion.
C’est l’heure où on fait le point.
C’est l’heure où on vient laisser le corps et l’esprit tourneboulés se remettre à l’endroit, comme des sillages de mer quand, à la fin du jour, cessent les traversées des bateaux affairés.
Pendant des instants qu’on ne peut donc mesurer puisque la pendule est ailleurs, on se prend à penser à tout ce qu’on n’a pas fait, ainsi qu’à toute la kyrielle de ce qu’on aurait dû faire, pu faire, éviter de faire, penser à faire. Cela dure.
Puis, on se souvient de la petite source qu’on a en soi. On la connait bien. Déjà, par le passé, elle avait gelé au fond de l’âme car on l’avait laissée en friche. A cet instant précis, cette première pensée la réchauffe et la première goutte fraie son chemin, comme cela doit se faire dans les flancs des montagnes quand l’eau se prépare à devenir un fleuve : elle avance, toujours et toujours, en dépit d’un rocher ou d’un autre caillou lui barrant la route ; peu lui chaut : qu’est-ce que cela lui coûte de se détourner, de revenir en arrière peut-être, de rallonger la course, car est inné en elle le désir du jour.
Constantin Cavafis a écrit un poème qui s’intitule La première marche. Il y met en scène Théocrite qui reçoit la plainte d’un jeune poète. Il lui répond : « Même si tu n’es parvenu que sur la première marche, il faut en éprouver du bonheur et de la fierté. »
La source avance. On la laisse faire avec joie, et cette joie lui plait tant qu’elle se met à chanter déjà dans les plis du cœur. Elle va jaillir et suivre son chemin au long cours. L’air sera doux à son abord.


Commentaires

  • aujourd'hui, je voudrais trouver en moi cette force de la goutte d'eau qui va son chemin malgré les cailloux qui jalonnent sa route ... il y en a tant sur la montagne du monde en ce jour ...
    mais comme vous le dites ... il suffit d'être une goutte ... qui jaillit ... et elle suivra son cours ...
    amitié .

  • « Même si tu n’es parvenu que sur la première marche, il faut en éprouver du bonheur et de la fierté. » Voilà une belle phrase qui va m'aider à aider quelques-uns de mes élèves...
    Merci, Bonheur du Jour!

  • Merci pour cette très belle page, pleine de sérénité.
    Une belle leçon.
    Passez une douce journée.

  • Merci pour ce beau partage ... BISOUS

  • Tu me donnes matière à réfléchir...
    Merci !

  • Magnifique page d'écriture...
    merci Bonheur du Jour.
    Den

  • Tout simplement merci pour le partage de cette belle réflexion

  • Très belle philosophie de vie ! Mais que c'est dur accepter ses échecs!

  • Réunir toutes les conditions, vous l'avez fait, pour retrouver ce chant intérieur. Quelques notes qui deviendront, poco a poco, un petit concert personnel.
    Merci pour vos mots, je prends mon élan vers la première marche.

  • Bravo pour ton beau texte et la phrase de Constantin Cavafis sur "la première marche". Il a tout juste !!! Merci !!

  • Merci de me donner l'envie de continuer !

  • Avez-vous lu un petit recueil de Charles Juliet "trouver la source" ? Vos mots d'aujourd'hui m'y font beaucoup penser.

  • Cette petite source qu'on a en soit, il faut la cultiver l'enrichir, la faire vibrer et surtout la partager !

  • tout est calme, simplicité, unité ; je me tais et t'embrasse.

  • J'aime bien la petite phrase de Cavafis

  • Merci Bonheur du jour pour ce magnifique..."La première marche", quel bonheur de lire. Un grand merci.
    Doux week-end.

  • La première marche vers la sérénité, merci de nous indiquer ce chemin.

  • Ces "arrêts" sont d'une richesse inimaginable ; je m'arrête tous les jours, parfois plusieurs fois par jour... les bienfaits sont immenses.
    Merci, chère Séraphine, pour ce billet apaisant et gros bisous à toi.

  • Je reste souvent sans voix en vous lisant tellement je suis touchée. Le mot qui me vient toujours est "merci".
    Merci Marie, oui vraiment.

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