Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

La question du lundi : en vrai.

La « Maesta », de Duccio di Buoninsegna a été peinte vers 1310. C’est un tableau immense, constitué de plusieurs scènes : une Vierge à l’enfant en majesté, des épisodes de la vie du Christ… Les toiles occupent une salle entière. On les a toutes regardées et on s’est arrêté sur une particulièrement car elle illustre un passage de l’Evangile qui nous est cher et qui se termine par ces mots : « Alors, ramenant leurs barques à terre et laissant tout, ils le suivirent. » Dans cette scène, Jésus accompagne des pêcheurs et les incite à lancer les filets là où ils ont déjà vainement tenté de pêcher ; les filets remontent pleins à tel point que la barque s’enfonce sous leurs poids ; Pierre et ses amis pêcheurs sont convaincus par le Christ : ils décident de le suivre et laissent tout derrière eux.
Connaître un tableau est une chose, le voir en vrai en est une autre. Dans un livre, on peut bien le regarder et être capable de le décrire comme pour celui-ci ; compter les poissons ; dire que ce personnage est en rouge, l’autre en bleu ; que le Christ et Pierre se font face, qu’ils tendent la main l’un vers l’autre. Dans la réalité, quand on est face à ce tableau, on voit bien plus de choses. Pas seulement des détails, ni les « vraies » couleurs que même la reproduction la plus soignée ne rend pas totalement, ni même la confirmation que le peintre fait marcher l’apôtre Pierre sur l’eau. On voit au-delà de l’image ce que le geste du peintre et ce qu’il avait dans son âme et dans son cœur dit de cette histoire. Ici, le Christ fait signe à Pierre ; oui, la main fait ce signe « viens, viens » et Pierre ouvre les bras comme on le fait quand on accueille quelqu’un.

D’où cette question du lundi : avez-vous déjà vécu cette expérience de voir en vrai un tableau que vous connaissiez bien par les livres et d’ainsi mieux le comprendre ?


Commentaires

  • Je n'ai hélas jamais eu cette chance
    Amicalement
    Claude

  • oui, il m'a déjà été donné d'apprécier le "vrai" en vrai, Dali et Picasso, et de rester pâmée alors devant tant de grandeurs ! j'ai beaucoup pensé Magritte, et évadée grâce à Delvaux, avec ce retour sur mon passé minier peint par Van Gogh ...
    il y a dans les "vrais" ce sentiment de rencontre avec l'artiste en dépit du temps , une symbiose que je ne peux expliquer, mais qui me fait "flotter" !
    amitié .

  • Oh que tu donnes envie d'admirer lentement cette merveille!
    J'ai passé un très très long moment devant "Les Ménines" à Madrid, un grand moment,
    Bonne semaine!

  • Oui, il s'agit du "Déjeuner des canotiers" de Renoir, si souvent aperçu dans les livres, dont l'intense beauté m'a totalement saisie en entrant dans la salle où il est exposé. J'ai eu beaucoup de mal à m'en détacher, mais le souvenir est toujours là, aussi aigu.

  • Cela a dû m'arriver, mais je n'ai pas de souvenir précis, là. En revanche, pour la musique 'en vrai' en salle, là j'ai plein de souvenirs, c'est complètement différent de l'écoute que un support! Etre 'dans la salle' est incomparable

  • Ça m'est arrivé... Il n'y a rien de mieux que de voir un tableau "en vrai".
    Merci pour ce partage.
    Bises et douce journée.

  • Oui, certes, et plusieurs fois. Mais un de mes plus beaux souvenirs re

  • La matière d'une peinture (j'allais dire sa texture) et sa lumière, en plus des couleurs, on ne les perçoit vraiment que dans le face à face. On peut connaître le sujet, le contenu du tableau à travers les reproductions, mais l'échange n'est complet qu'en présence.
    Comme Colo, j'ai eu un choc devant "Les Ménines", aussi à cause du format - la toile est immense.

  • Quasiment à chaque fois. Peut-être pas le comprendre mieux mais en recevoir toute l'émotion. Dernièrement, ce fut avec Le souper à Emmaüs du Caravage, qui n'était pas la toile qui m'arrêtait dans les livres mais qui à l'exposition m'a totalement saisie, je ne me souviens vraiment que d'elle.

  • Reste, pardon pour le bug, l'étage des impressionnistes à Orsay (que je ne pensais pas visiter un jour). Je me suis mise à pleurer.

    Il y a aussi l'Agneau mystique à Gand. C'estune des premières choses que ma mère a faite, après la guerre. Aller le voir, à son retour d'Allemagne.

    Et les peintres du siècle d'or, à Amsterdam, au Rijksmuseum.

  • Merci aussi pour ce partage. Je vais aller en voir plus sur Wikipedia. Il semble y avoir de quoi y passer des heures.

  • Tout au long des années, je revis ce moment de rencontre intense
    avec "L"Annonciation" de Fra Angelico, au couvent San Marco
    de Florence ;
    Je montais avec insouciance l'escalier menant aux cellules
    des moines, en tenant par la main mon fils âgé d'une dizaine d'années .
    Et soudain, sur la droite, le choc partagé avec ma famille déjà en arrêt !

    Le tableau, bien plus grand que dans mon imaginaire,
    irradiait littéralement :
    les fleurs du petit jardin clos ressemblaient aux tapisseries du Moyen-Age
    mais les ailes de l'Ange Gabriel annonçaient la Renaissance...

    Et je retrouve ce souvenir à chaque fois que j'ouvre un livre ancien
    puisque les marbrures en plumes ou en écailles des pages
    de garde reprennent souvent les motifs de ces ailes
    immortalisées par l'humble moine prodigieux...
    lui valant pour l'éternité, le doux nom d'ANGELICO !

  • Que c'est joliment décrit...

  • cela est arrivé plusieurs fois...des émotions différentes se soulèvent alors !

  • Oh que oui ! La vision du tableau "en vrai" annule le temps. Comme si l'émotion du peintre, déposée par touches sur son tableau, les sentiments qu'il éprouvait alors, rentraient en prise directe avec notre cœur tant d'années après.
    Même émotion que Fiorenza pour "l'annonciation" au Couvent San Marco à Florence, et ce pratiquement tous les ans, ayant la chance d'avoir une amie habitant en Toscane. Nous partons toujours de ce lieu en faisant, comme l'avait fait une de nos amies en descendant le petit escalier, un petit signe de la main à la Vierge : "A bientôt"....
    Claudie.

  • Le Retable de l'Agneau mystique , à Gand , m'a profondément marquée . Certes j'en connaissais des reproductions , mais les couleurs et la taille de l'original sont incomparables ! J'aurais aimé entrer dans ce tableau , fouler l'herbe aux mille fleurs , entendre l'ange jouer de l'orgue , me perdre dans ce monde divin si chatoyant !
    La scène d'Evangile que vous décrivez si bien ne peut avoir été peinte que par un artiste entré lui-même dans le texte . Un art digne de ce nom doit ouvrir des portes ...

  • Il en est des tableaux comme des sites aussi. Je peux voir mille photos du mont Saint-Michel... le voir en vrai, surgissant dans la campagne, est incroyable... malgré le tourisme. Quel souvenir, je l'ai vu pour la dernière fois il y a vingt ans.

  • Bonjour. Je regarde régulièrement des livres d'art et chaque fois que je vois les tableaux exposés dans un musée, j'ai l'impression de les redécouvrir pour la première fois. C'est pour cela que j'aime beaucoup aller voir des expositions. Bises alpines et belle semaine.

  • La rencontre est récente, samedi nous sommes allés mon époux et moi aux Arcs (charmant village médiéval), je voulais voir EN VRAI un tableau de Ludovic Bréa, un retable du XVème siècle qui est une splendeur, il en existe un autre à la Collégiale de Six Fours. L’émotion fut totale, ce tableau est une splendeur, les visages sont beaux, les couleurs admirablement assemblées, il faut penser à allumer la lumière sur la droite pour gouter à toutes les saveurs de cette peinture. Personnellement, je pense aux gestes du peintre, le cadre en bois : quel bois a-t-il employé ? L'enduit, les couleurs, quelles pierres a-t-il broyées, quel liant, quels pinceaux... Si tu ne connais pas ce tableau, je te le conseille vivement, ainsi que la visite de ce petit village dont le château est un hôtel 3 étoiles avec un restaurant gastronomique, je n'y ai pas déjeuné mais un parfum de daube embaumait le lieu... Belle journée Marie. brigitte

  • J'avais un poster du Printemps de Botticelli... Quand je l'ai vu en vrai, aux Uffici, je suis restée béate pendant de longues heures! J'y revenais sans cesse, craignant d'en oublier un seul détail. J'avais 18 ans, et je me suis dégoûtée des posters!
    Belle semaine!

  • Cela ne m'est pas arrivé par rapport à un tableau mais avec les sculptures de Giacometti à la fondation Maeght à St Paul de Vence : une grande émotion!

  • Il n'y a en effet aucune commune mesure entre la reproduction et la réalité… Ne serait-ce que pas les dimensions.

  • oh oui alors j'ai passé beaucoup de temps devant des tableaux de Van Eyck et ensuite la chance de les voir pour de bon
    on découvre toujours de nouvelles choses, telle couleur est plus ceci, moins cela, un détail avait échappé ou au contraire on a du mal à le retrouver sur la toile parce qu'on est un peu loin
    tous les tableaux que j'aime et que j'ai eu la chance de voir m'ont comblé et laissé des souvenirs pour longtemps

  • Moi , j'ai exactement la démarche inverse...^^

    Même si je suis capable de rester des heures assise à contempler des peintures ou des oeuvres d'art...j'ai besoin d'en analyser l'histoire par la suite, de m'imprégner de l'atmosphère qui a conduit à sa réalisation..

    C'est pour cela que je me procure assez souvent les livres qui accompagnent les expositions..

    Pour moi, c'est un tout indissociable...

    J'ai eu ça par exemple avec Picasso...après la visite de son musée, je me suis plongée dans sa biographie et son parcours artistique..

    Je te souhaite un très bon début de semaine,
    Bisous,

    https://almanachdecassandre.com

  • "Voir en vrai" n'est pas nécessairement lié, pour moi, au fait d'être réellement devant l'œuvre, même si en ce cas, une certaine émotion est favorisée par des éléments physiques tels que la taille de l'œuvre, la lumière, la matière...
    Dans une salle d'exposition, il peut se produire des moments privilégiés avec un tableau (une épiphanie si l'on veut), qu'elle soit liée à la taille de l'œuvre ou à son sujet, mais il arrive que les circonstance de la visite (file d'attente, rester longtemps debout, nombreux visiteurs, difficulté de s'approcher, etc...) nuisent à la valeur d'une rencontre.
    Je trouve qu'étudier l'œuvre de manière livresque est un plus avant de s'y confronter réellement, cela peut ouvrir le chemin de l'émotion. J'aime aussi découvrir, contempler ce que je ne connais pas, puis y revenir après, avec la documentation. C'est alors que, le plus souvent, j'ai l'impression de voir en vrai.

  • j'ai regardé ce retable qui comporte beaucoup de tableaux. Oui la pêche miraculeuse est un texte important. Pierre est un réaliste, pas un rêveur.
    J'ai réfléchi, il y a deux tableaux vus sur les livres : , la Joconde de Léonard de Vinci et Vénus et les trois Grâces de Botticelli.
    La Joconde, beaucoup de monde autour d'un tableau assez petit et vu de loin, alors pas de sentiment particulier.
    Par contre les Vénus et les trois Grâces, lorsque je me suis trouvée devant alors que je ne m'y attendais pas à un été un grand coup de bonheur, de félicité. Un grand tableau et quelle beauté !
    Bises et bonne poursuite de tes découvertes.

  • Très modestement, et très banalement oserais-je dire : "La laitière" de Vermeer au Rijksmuseum il y a quelques années. Une émotion intense m'a étreinte en le voyant. Je n'aime pas du tout les scènes bibliques, préférant mille fois celles de la vie quotidienne. Les Flamands excellent dans le genre.

  • Bonjour,

    Olympia, de Manet. J'en avais contemplé chaque jour la reproduction dans l'atelier de ma mère, sans en mesurer la beauté insondable. J'avais quinze ans. Je suis resté la journée entière à le regarder. Si on ne m'avait pas demandé de partir, je crois que j'y serais toujours.

    En vrai, oui. En vrai, tout est différent.

    Bonne journée,

  • J'ai vu des tableaux que je n'avais pas vus dans des livres ; et d'autres dans des livres sans les voir en vrai ; ou encore de vraies copies sur toile. Mais même sur une reproduction on peut découvrir de nouveaux détails. L'intérêt de voir le tableau en vrai, c'est qu'il est souvent plus grand, alors on plonge dans le détail avec délice. Quand on est face à un vrai tableau, il s'anime, il devient vivant, on respire avec.... !

  • Je reviens pour te signaler ce billet d'Ariane qui rejoint ta réflexion. Bonne journée, Marie.
    http://givernews.com/2019/02/16/claude-monet-critique-dart/#comments

  • Oh oui j'ai compris la Joconde en la voyant, j'avais d'ailleurs écrit un billet sur cette révélation.
    Mais parfois, j'ai eu l'effet inverse ou peut-être que mes attentes étaient trop grandes….

Les commentaires sont fermés.