« Tu me demandes souvent si j’écris toujours. »
Ce sont les premiers mots de Christian Bobin que j’ai lus au tout début des années 80, dans Lettre pourpre, un mince livre de quelques pages, publié en 1977 aux éditions Brandes, illustré par Laurent Debut, exemplaire n°31.
J’ai poursuivi par Le feu des chambres, aux mêmes éditions, en 1978, exemplaire 149. En voici la dernière phrase, à propos des femmes : « Pour qu’il leur survienne un arbre dont chaque fleur sera un sourire, une mousse de sourires, un banc de mots et de lèvres charitables. »
Vendredi, au mitan du jour, après avoir appris la nouvelle de son décès, je suis allée dans la bibliothèque chercher ses livres, rangés entre Karen Blixen et José Luis Borges. Je les ai pris, il y en a pas mal, et je les ai posés sur la table. Je les ai regardés. La pièce était silencieuse. J’ai sorti Mozart et la pluie de la pile, bien qu’il ne pleuve pas, mais Mozart… et Mozart et Bobin... « Les heures silencieuses sont celles qui chantent le plus clair. » (1)
Alors je suis restée silencieuse près de ses livres.
(1) Christian Bobin : Mozart et la pluie, suivi par Un désordre de pétales rouges, Ed. Lettres vives, 1997, p. 41.
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Graines, Sainte Catherine, tendresse.
Le 25 novembre, c’est la Sainte Catherine. Un proverbe dit : « A la Sainte Catherine, tout prend racine. »
Alors, que planter aujourd’hui ?
Des graines de persil, de trèfle ou de coriandre, des tulipes – on vient de planter quelques tulipes Rembrandt - ou des muscaris ou encore des narcisses.
Des graines de décisions – en particulier la décision qui attend depuis si longtemps….
Ou des graines de tendresse aussi, pour en revenir à ces belles lignes d’Olga Tokarczuk dans son Discours de réception du prix Nobel de littérature 2018 :
« la tendresse c’est se sentir intensément concerné par l’existence d’un autre, par sa fragilité, par son caractère unique, sa vulnérabilité face à la souffrance et à l’action du temps qui passe » (1)
(1) Olga Tokarczuk : Le tendre narrateur, 2020, Les Editions Noir sur Blanc, traduit du polonais par Maryla Laurent, p. 39