S’occuper chaque matin de la terrasse ; un petit coup de balai par-ci, un petit arrosage par-là, et là des fleurs fanées à enlever, et ici, un pot à tourner.
S’émerveiller de ce que le chèvrefeuille planté il y a deux ans est bien grand désormais, envoie ses lianes un peu partout et, surtout, fleurit : cela embaume.
Se replonger dans l’œuvre de Velázquez après avoir lu les pages que Philippe Lançon y consacre dans son livre, Le lambeau.
Brosser les chats.
En veillant quelqu’un à l’hôpital, tricoter en silence.
Récupérer auprès d’une amie botaniste de vieux documents concernant les fleurs et les fruits du Var dans lesquels on trouve la recette de la confiture de cynorrhodon, le fruit de l’églantier.
Prendre le temps de repasser le linge tout juste sec après avoir été étendu au soleil et dans le vent.
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Trophée.
A la toute fin de la nuit, quand c’est à peine l’aube, il est temps de descendre car il faudra partir bientôt pour une longue journée. Joie de pouvoir se lever et de mettre ses deux pieds par terre, de descendre l’escalier. Un parfum fugace flotte dans l’air et accompagne les premiers pas du jour. Tout en approchant de la cuisine, on le reconnait : c’est celui mêlé du lilas double et du seringa amenés par une amie la veille. Quand on était allée la chercher, elle brandissait le bouquet comme un trophée puisqu’elle avait pu couper elle-même ces quelques branches dans son jardin – elle y était donc descendue, enfin, après l’avoir regardé par la fenêtre pendant de longs mois. Elle savait qu’elle allait faire un grand plaisir car ici, on vénère le lilas et le seringa. Cela allait avec la possibilité d’accepter une invitation à déjeuner, de rester assise le temps d’un repas, de pouvoir papoter avec les uns et les autres, ce qui n’est pas rien, de s’installer sur la terrasse pour siroter le café.