C’est la journée des papotages.
Au moment où on part, on croise le facteur qui s’étonne qu’on reçoive tant de courrier, et, surtout, des lettres écrites à la main. « Vous devez être écrivain », conclut-il.
A la mercerie, on discute de la bordure pour le châle. Mettra-t-on des perles ? des franges ? ces perles-ci ? cette laine-là ou plutôt celle-ci ? est-ce que c’est mieux plus foncé ou plus clair ? les clientes qui vont et viennent finissent par participer à la conversation.
Au téléphone, avec une amie très chère, on aborde le sujet fondamental de la lessive faite maison et de la dilution plus ou moins réussie des copeaux de savons de Marseille ainsi que des pipettes antipuces qu’on administre aux chats jusqu’à la question du liquide vaisselle qu’on peut aussi fabriquer soi-même, oui, mais le savon noir ne mousse pas, alors…
Avec le voisin, on réfléchit doctement à l’emplacement des poubelles afin de moins gêner les manœuvres des voitures dans la cour : on pourrait mettre celle-là là, et l’autre ici ; ou alors là ; non, là….
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 227
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Papotages.
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Dans la forêt l’été.
Les épines des pins ont tapissé tous les sentiers de la forêt. C’est doux d’y marcher en respirant le parfum des résineux qui est celui de l’été. On s’assiéra bientôt au pied d’un arbre bien à l’ombre, le dos contre le tronc, pour boire dans le capuchon du thermos un thé bien moelleux. La journée avancée aura rassasié de chaleur les cigales bienheureuses dont le chant couvrira même le murmure du vent. On choisira un endroit qui permettra d’apercevoir la mer dans une trouée de troncs penchés, histoire de rajouter du bleu dans les ocres et verts des bois odorants.