Il arrive souvent que des lecteurs de ce blog s’interrogent sur la capacité qui apparaît dans ces pages de ne voir que le bon côté des choses. Comment expliquer que cela soit possible ? Comment expliquer, sans pour autant être sentencieuse et sembler être une donneuse de leçon ?
Et puis voilà un livre qui vient – oui, je le répète, on est choisi par les livres : il s’agit d’Ivres paradis, bonheurs héroïques, de Boris Cyrulnik. Une phrase trouvée page 22 va aider à expliquer : « Un malheur nous identifie ».
Durant de longues années, trop longues, il apparaissait que seul le malheur donnait sens, puisqu’il était omniprésent : deuils, violences, maladies, …. Dans un certain sens, toute tragédie était bonne à vivre : qu’aurait-on fait sans dispute, sans aigreur, sans regret, sans douleur ? On se croyait vaillante puisqu’on luttait en permanence. On se croyait forte puisqu’on devait affronter tant de chagrins. Vivre, c’était tout à la fois subir et combattre. Un combat comme celui de Sisyphe, vain. On ne savait pas que c’était vain.
Et puis un jour, tout a changé. On ne peut pas l’expliquer. Tout simplement, un matin, on fut identifiée par le bonheur, même si les deuils, les violences, les maladies, les soucis, etc. continuèrent, parfois même jusqu’au paroxysme puisque tout ce petit monde contestait vaillamment afin de garder sa suprématie.
Ainsi, à chaque jour sa petite mort ou ses petites morts, cela dépend – mais aussi, à chaque jour, son petit bonheur, ou ses petits bonheurs, cela dépend. Ce n’est pas mathématique, mais c’est le bonheur qui gagne. Toujours. Pas toujours tout de suite. Mais toujours en fin de compte.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 227
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Identifiée par le bonheur.
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Prendre le bateau.
Pour aller travailler, prendre le bateau comme d’autres prendraient le bus.
Traverser la rade et regarder le ciel, les bateaux, les oiseaux qui s’éclatent à virevolter dans l’espace de l’air.
Décider de s’organiser pour pouvoir faire cela au moins deux fois dans la semaine, plutôt que d’utiliser la voiture. En plus, cela fait marcher : 30 mn pour monter jusqu'au pied du Faron, et tout autant pour redescendre. Il faut donc alléger le sac et on repense à Rimbaud : oui, c'est mieux de pouvoir mettre les mains dans les poches.