Alors qu’il fait déjà bien chaud et qu’on a déjà bien marché, c’est bien agréable de rencontrer sur le chemin un joli bassin rond qui offre sa margelle pour un moment de repos. On s’assied donc mais de biais afin de ne pas tourner le dos au bassin, ce qui serait discourtois. On pose le sac sur le gravier. On sort la gourde afin de se désaltérer. On attrape dans la poche le carnet bleu et le crayon de bois. L’eau du bassin est à peine visible : elle a disparu sous une fine couche d’algues d’un parfait vert printemps quand ce n’est pas sous les larges feuilles des nénuphars dont les fleurs offrent au regard des corolles blanches et roses parfaites. Tout est calme est tranquille quand, tout à coup, un léger plouf se fait entendre. Mais, d’où cela vient-il ? Il est bien difficile de se repérer dans tout ce vert ! Là ! Là, oui, là, contre le bord d’une feuille, deux paires d’yeux observent ce qui se passe sur la margelle. On se tient coi en espérant que même le ruban du chapeau saura ne pas se faire remarquer en dansant dans la brise légère. Au bout d’un moment, une grenouille, car oui, c'est bien de grenouilles qu'il s'agit, bondit sur la margelle, tout près. Elle est vraiment, mais alors vraiment ravissante... Après un moment, elle replonge. Plouf ! On ne la voit plus. Plus aucune paire d’yeux à la surface de l’eau non plus. Y a-t-il conciliabule sous l'eau ? Peut-être... On continue à se tenir le plus immobile possible. Et on fait bien, car elle revient. Hop ! Et cette fois-ci, elle est accompagnée d’une comparse tout aussi curieuse et tout aussi mignonne. Hop ! C’est ainsi qu’on passe un moment sur la margelle d’un bassin avec deux grenouilles vertes, des Rainettes brillantes et dodues aux flancs palpitants. On attendra leur départ pour bouger et reprendre la promenade. Le ruban du chapeau qui s’est gentiment tenu tranquille, s’en va du cou où il était resté posé, libéré.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 79
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Passer un moment avec deux jolies grenouilles.
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Les tilleuls et les abeilles
Un peu plus loin, pour aller au marché, on peut suivre une longue allée piétonne bordée de part et d’autres de gros tilleuls. Leurs houppiers sont larges et touffus et en cette période de pleine floraison, on est enveloppé dans ce parfum qui n’a pas d’âge et pour lequel on ne sait choisir quel adjectif afin de le décrire mieux que le parfum des tilleuls en fleurs. Un doux parfum. Un parfum fleuri. Toutefois, les abeilles qui sont là en si grand nombre qu’elles concurrencent les cigales et qu’on n’entend plus qu’elles, suggèrent un mot qui ne peut que leur convenir : un parfum mielleux. Les sommités fleuries sont à portée de mains. On ne fait que les effleurer. Il ne faudrait pas déranger les abeilles.