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CONTEMPLER / Le tableau du jour - Page 4

  • Le tableau du jour : La laitière, de Vermeer.


    Pendant la première après-midi de vacances, décider de faire du pudding.
    Sortir du placard la petite panière en rotin et poser sur la table les morceaux de pain rassis qu’on y a gardé.
    Attraper le lait.
    Retrousser ses manches.
    Puis les regarder, ces morceaux, près du saladier. Bruns, bis, blancs. Restes de pain moulé, de pain bis tranché, et quelques quignons d’autres appellations, mais c’est toujours du pain.
    Se souvenir alors qu’on a vu cela déjà : dans ce désormais si célèbre tableau de Vermeer, La Laitière, ce sont bien des morceaux rugueux et grossiers qu’elle mélangera dans un beau lait crémeux : dans une cuisine hollandaise du XVII° siècle non plus, on ne jetait pas le pain.

  • Le tableau du jour : Femme lisant.

    Entre deux visites dans un lieu où ne peut rester que deux fois une heure, attendre en lisant.
    S’installer dans un lieu sans charme dont les murs sont aussi gris que le sol.
    Comme la lumière est faible dans ce recoin où on nous a octroyé le droit de rester, approcher de la fenêtre la chaise en plastique, sorte de coquille inconfortable. Approcher aussi le livre des yeux pour mieux y voir.
    Surgit alors des souvenirs, ce tableau de Pieter Janssens Elinga : Femme lisant.
    Reposer le livre sur ses genoux et fermer les yeux pour regarder, admirer, dans le musée de sa mémoire, ce beau tableau.
    La chaise en bois au dossier ajouré et à l’assise en paille ; la coiffe blanche, la veste rouge et la jupe blanche de la liseuse ; le coffre recouvert d’une étoffe sombre ; la coupe à fruits sur le tabouret ; les portraits sur le murs : des aïeux sérieux et travailleurs qui, peut-être, n’aimaient pas lire parce qu’ils pensaient que c’était du temps perdu ; les chaussures laissées en plan, sur le sol, parce que peut-être la jeune femme était pressée de s’installer pour lire, de se débarrasser de sa vie du dehors pour se poser là, tranquille et seule ; la fenêtre à petits carreaux, dont la moitié est fermée par des volets, laissant le jour arriver par la partie supérieure ; dans un coin, d’autres livres attendent peut-être, ou ont-ils déjà été lus mais la liseuse les garde parce qu’elle les aime. Peut-être.
    Sortir alors le petit carnet et tenter, bien maladroitement, de dessiner ce tableau.
    Puis, au moment où on reprend sa lecture, penser à tous ceux qui lisent en attendant l’heure de la visite ou le réveil de celui qu’on veille et se dire que c’est quand même un beau cadeau de la vie que d’aimer lire.