En voyant toutes ces feuilles mortes de platanes sur les trottoirs de la ville qu'on traverse à pied, l’âme d’enfant se réveille et on shoote dans les feuilles en marchant car c’est trop rigolo. Des enfants qui sont, eux, sur le chemin de l’école toute proche, sourient, lâchent les mains qui les accompagnent, et font de même.
Autour d’un café, papoter puis parler. De la vie, de ses joies et de ses peines. De ses peines, justement, dont on ne sort pas en ligne droite mais en ligne brisée sans que jamais pourtant les rechutes ne descendent aussi profondément que la chute elle-même.
Bonheur du jour - Page 233
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Feuilles mortes, enfants sur le chemin de l’école, ligne brisée.
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Ciel, aube, rose et bleu layettes, Turner, Matisse.
Hier matin, on aurait vraiment pu dire que l’aube était en train de naître car elle avait revêtu les couleurs qu’on dédie aux naissances : blanc cotonneux, rose et bleu layettes et un peu de ce jaune qu’aimait tant le peintre Turner. Le jour pointait par vaguelettes entre les bordures colorées de nuages en forme de pompons bien alignés. C’était l’heure ; il fallait bien se réveiller ! Alors tout ce petit monde, en prenant tout son temps, s’étira, s’ébroua : les nuages peu à peu s’effilochèrent et partirent à petits pas de l’autre côté de la colline au cas où il y resterait encore un peu d’aube à décorer et le ciel bleu, prenant sa place du jour, s’installa en attendant le soleil lumineux. Celui-ci ne tarda pas à sortir de son bain de mer, là-bas, au bout de l’horizon. Il était jaune. Matisse disait qu’on n’avait jamais assez de jaune.