Le matin, un très beau livre de Tzvetan Todorov, Insoumis dans lequel l’auteur évoque les figures d’Etty Hillsum, Boris Pasternak, Germaine Tillon, Nelson Mandela…
Dans le sac à dos, les poésies de Rimbaud après qu’on ait pu voir (avant la panne) une magnifique émission sur le poète. Dans les Poésies : Comme je descendais les fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs,
Des peaux-rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux couleurs.
Ailleurs, dans Les ponts :
"Des ciels gris de cristal."
Ailleurs encore dans Une saison en enfer :
« Elle est retrouvée !
- Quoi ? – L’Eternité
C’est la mer mêlée
Au soleil. »
Le soir, L’arbre monde de Richard Powers, en alternance avec Les roses de la nuit d’Arnaldur Indridasson.
le bateau ivre
-
Livres du matin/du sac à main/du soir.
-
Passer la soirée avec Rimbaud.
Passer la soirée à lire Marcher, une philosophie, de Frédéric Gros, un très joli livre apporté par le Père Noël. Tous les grands marcheurs y sont : Rousseau, Nietzsche, Thoreau, … et Rimbaud, dont l’auteur rappelle, outre les marches incroyables, « Je suis un piéton » (p. 74), disait-il de lui-même, qu’il est mort à Marseille, où il était « de passage » (p. 75).
On ne se souvenait pas que Rimbaud était mort à Marseille. Mais on se souvient d’avoir longtemps gardé dans le sac à dos un exemplaire de ses poésies parce qu’on aimait le lire en marchant, ou quand on s’arrêtait pour faire une pause. Un premier exemplaire de poche, à la couverture bleu clair sur laquelle il y avait peut-être la fameuse silhouette de Rimbaud croquée par Verlaine, un volume très usé, corné, rafistolé, avait été perdu lors d’une randonnée dans les Alpes, sans doute au Col du Bonhomme. On l’avait remplacé par l’exemplaire toujours là : un livre de poche aussi, avec le visage de Rimbaud qui se devine en négatif, dans les tons bruns. Les pages sont quasiment toutes décollées ; mais le livre s’ouvre encore aux pages qu’on aime : Ma bohème
"Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées
…
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou"
Et bien sûr Le bateau ivre qu’on sut longtemps intégralement :
"Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs
…
Je sais le soir
L’aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes"
Et on laisse sur le côté le livre de Frédéric Gros pour replonger dans Rimbaud et le relire jusqu’au plus profond de la nuit.
"J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse."