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marcher une philosophie

  • La question du lundi : une échelle de l’encombrement.

    Dans son joli livre, Marcher, une philosophie, Frédéric Gros propose une réflexion sur le contenu du sac à dos du marcheur. A cette occasion, il fait la distinction entre ce qui est utile, nécessaire, et élémentaire.
    L’utile, n’est pas forcément nécessaire, mais aide bien, comme un bâton de marche, par exemple. Citons : « Pour le simplement utile, on trouve toujours des équivalents naturels : branches (pieux, bâtons, cannes), herbes (serviettes, coussins) » (p. 253.)
    Le nécessaire, c’est ce qui permet d’avancer : de bonnes chaussures, des provisions, des vêtements.
    L’élémentaire, « dépasse le nécessaire ». Et on en revient à Rimbaud, « les mains dans les poches ».
    Ces réflexions sur le contenu d’un sac à dos, jusqu’à son abandon, ne pourraient-elles pas s’appliquer à nos vies quotidiennes ? Le superflu nous étouffe et fait de nous des machines à consommer. L’élémentaire nous permet d’être aussi léger que l’air.
    Où vous situez-vous dans cette échelle de l’encombrement ?
    Ou bien, où aimeriez-vous vous y situer ?


  • Passer la soirée avec Rimbaud.

    Passer la soirée à lire Marcher, une philosophie, de Frédéric Gros, un très joli livre apporté par le Père Noël. Tous les grands marcheurs y sont : Rousseau, Nietzsche, Thoreau, … et Rimbaud, dont l’auteur rappelle, outre les marches incroyables, « Je suis un piéton » (p. 74), disait-il de lui-même, qu’il est mort à Marseille, où il était « de passage » (p. 75).
    On ne se souvenait pas que Rimbaud était mort à Marseille. Mais on se souvient d’avoir longtemps gardé dans le sac à dos un exemplaire de ses poésies parce qu’on aimait le lire en marchant, ou quand on s’arrêtait pour faire une pause. Un premier exemplaire de poche, à la couverture bleu clair sur laquelle il y avait peut-être la fameuse silhouette de Rimbaud croquée par Verlaine, un volume très usé, corné, rafistolé, avait été perdu lors d’une randonnée dans les Alpes, sans doute au Col du Bonhomme. On l’avait remplacé par l’exemplaire toujours là : un livre de poche aussi, avec le visage de Rimbaud qui se devine en négatif, dans les tons bruns. Les pages sont quasiment toutes décollées ; mais le livre s’ouvre encore aux pages qu’on aime : Ma bohème

    "Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées

    Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou"

    Et bien sûr Le bateau ivre qu’on sut longtemps intégralement :
    "Comme je descendais des Fleuves impassibles,
    Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
    Des peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles
    Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs

    Je sais le soir
    L’aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes"

    Et on laisse sur le côté le livre de Frédéric Gros pour replonger dans Rimbaud et le relire jusqu’au plus profond de la nuit.
    "J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse."