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maman

  • Le premier cyclamen de l’automne sans elle.

    La couleur violine a attiré le regard. Puis, en regardant plus attentivement, on remarque que les fleurs sont bordées de blanc. C’est le premier cyclamen de la saison qu’on voit chez la fleuriste. On le prend immédiatement, avec le réflexe de se dire qu’on le lui apportera car elle aime tant cette couleur là, si douce, qui lui rappelait sa propre mère. On lui dira : « Regarde le joli cyclamen que je t’ai trouvé ! ». Elle répondra : « Ah oui…. Merci beaucoup. C’est le premier cette année. Je vais le mettre à côté de ceux de l’an dernier. Ils commencent à repartir. » Car elle arrivait à faire repousser quasiment tous les cyclamens qu’elle avait eu en cadeau, d’une année sur l’autre.
    On ne peut pas le lui apporter, celui-là. Mais elle a nous a transmis le goût d’avoir des plantes qu’on peut garder des années et des années ; de s’occuper de sa maison pour la rendre accueillante ; d’avoir des fleurs à la maison, tout le temps. Encore l’autre jour, quelqu’un disait : « Toutes ces fleurs, dans la chambre de ta mère, c’était si beau ». Il faut garder de ses parents ce qui est éternel. Et le transmettre aussi.

  • Consoler.

    Aujourd’hui, Maman est morte. A cette nouvelle, un flot de gens d'un peu partout est venu lui rendre visite et lui dire un bel au revoir.
    A un moment, le flot s’est tari car il fallait bientôt partir. Pourtant, quelqu’un d’autre est arrivé encore, à tout petit pas, essoufflé d’être venu depuis sa propre chambre au bout du couloir. Il est resté sur le pas de la porte, hésitant. On l’a invité à entrer et il s’est joint un instant aux quatre veilleuses.
    Comme souvent cela arrive aux hommes, il a pleuré comme pleure un enfant, bruyamment.
    On l’a aidé à les essuyer, ces chaudes larmes. Puis on lui a pris la main. Puis on lui a entouré les épaules d’un bras protecteur. Puis, on l’a bercé pour le consoler. Puis, alors qu’il retournait, toujours vacillant, vers la porte ouverte, on lui a demandé si cela lui ferait plaisir de garder un souvenir. Tenez, lui a-t-on dit en souriant, prenez ce napperon. Elle aimait en poser partout. Vous le mettrez dans votre chambre, si vous voulez, comme ça, vous l’aurez encore un peu avec vous. Comme c’est gentil, a-t-il répondu. C’est une consolation qui me touche. Puis, en lui prenant doucement le bras, on est allé avec lui jusqu’à sa chambre et on l’a aidé à choisir un bel endroit pour poser le napperon brodé qu’on avait ramené de Bruges il y a tant d’années.