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rester debout

  • Les appuis.


    C’est pas facile la vie.
    On espère que tout aille bien.
    On le croit on en est persuadé
    A force de le répéter tout le monde sera gentil c’est sûr si on est gentil aussi
    On sourit
    On chante
    On donne
    On aide
    Tout ça tranquillement
    Tout ça avec confiance
    On y croit
    Et puis
    Il pleut très fort
    Les mots pleuvent aussi très fort
    Amers car ils montrent l’amertume
    Durs car ils montrent la violence
    Sifflants car ceux qui les disent les veulent comme des balles meurtrières
    Mais pourquoi ?
    Pour un pouvoir quelconque
    Dans un petit espace
    Dans un petit moment
    Dans une petite cour
    Devant la muraille de la malveillance
    S’expliquer est inutile et on ne voudrait pas puiser dans les mots des méchants
    Prouver quoi que ce soit est inutile
    Car de toute façon rien ne serait entendu
    Alors partir
    Après on sera tranquille
    Un pas deux pas trois pas
    Epaules tombantes
    Mais non
    Pourquoi donner à autrui le pouvoir sur le reste de la notre vie ?
    Se redresser
    S’appuyer sur soi-même alors
    Puiser en soi de la force et du courage et des sourires
    Rester debout
    Continuer
    Autrement
    Parce qu’on est libre
    La liberté est un appui
    Elle a été choisie en son temps
    Elle permet de choisir ce qui est bon pour soi-même même quand ce n’est pas facile.

  • Un jour.

    Revenir encore et encore à ce poème d’Aragon lu quand on était si jeune. Encore et encore, il donne des forces et aide encore et encore à rester debout :

    Tout ce que l'homme fut de grand et de sublime
    Sa protestation ses chants et ses héros
    Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux
    A Grenade aujourd'hui surgit devant le crime

    Et cette bouche absente et Lorca qui s'est tu
    Emplissant tout à coup l'univers de silence
    Contre les violents tourne la violence
    Dieu le fracas que fait un poète qu'on tue

    Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
    Un jour de palme un jour de feuillages au front
    Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
    Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

    Ah je désespérais de mes frères sauvages
    Je voyais je voyais l'avenir à genoux
    La Bête triomphante et la pierre sur nous
    Et le feu des soldats porté sur nos rivages

    Quoi toujours ce serait par atroce marché
    Un partage incessant que se font de la terre
    Entre eux ces assassins que craignent les panthères
    Et dont tremble un poignard quand leur main l'a touché

    Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
    Un jour de palme un jour de feuillages au front
    Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
    Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche

    Quoi toujours ce serait la guerre la querelle
    Des manières de rois et des fronts prosternés
    Et l'enfant de la femme inutilement né
    Les blés déchiquetés toujours des sauterelles

    Quoi les bagnes toujours et la chair sous la roue
    Le massacre toujours justifié d'idoles
    Aux cadavres jeté ce manteau de paroles
    Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou

    Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
    Un jour de palme un jour de feuillages au front
    Un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront
    Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche