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L’antan : le linge.

Il y avait le jour du blanc, le jour de la couleur, et, pour le linge délicat, le lavage à la main était quotidien. Presque jusqu’à la fin, elle avait lavé son « petit linge » à la main, le soir, avant de se coucher ; et quand elle n’en avait plus eu la force, on l’avait fait pour elle, de la même façon, tellement on l’avait vu faire ces gestes, répétés et répétés.
L’antan est trop ancien pour la période de la lessiveuse trônant sur le gaz. Les souvenirs sont flous. Il y a aussi qu’on n’avait pas le droit de s’approcher. On ne pouvait que sentir l’odeur de la lessive chaude. Il était parfois possible de participer à l’essorage fumant au-dessus de la baignoire sabot et c’est sur l’étendoir qui se baissait et se relevait une fois la lessive installée qu’on a appris à étendre le linge.
L’antan suivant fut celui des machines à laver miraculeuses mais la méthode antique qui avait fait ses preuves a été maintenue : le blanc, la couleur, et le « petit linge » dans la bassine avec les copeaux de savon.
Pour mettre le linge sale dans le bac à linge, pas question non plus d’être sans méthode : draps, mouchoirs, bleus de travail, chemises, pantalons, sous-vêtements, chaussettes devaient être posés et non pas jetés en vrac, et pliés car le linge, ça se respecte.
Pour l’étendage, l’adage était clair : linge bien étendu est à moitié repassé – ce qui induisait que le repassage serait la prochaine étape, incontournable, et même victorieuse. Avant d’étendre un pantalon sur l’étendoir, il faut le secouer, bien tirer sur le tissu et lui redonner sa forme. Un pull doit aussi secoué, lissé, posé à plat. Une chemise, bien secouée, est à mettre en forme sur un cintre et il ne faut pas oublier de bien aplatir le col et la bande de boutonnage. Les chaussettes sont à étendre en ligne, une pince sur le haut, mais il ne faut prendre qu’un bord de la chaussette pour que l’air puisse passer, tu vois.
L’étendoir plein était une œuvre d’art.
Le linge sec était plié avant que d’être repassé. Déplié pour être repassé. Replié pour être rangé.
Quand on ouvrait armoires ou commodes, on trouvait un linge odorant, sagement endormi qu’on n’aurait osé malmener.
On a pensé à tout cela quand on a étendu la première lessive au soleil du printemps.

Commentaires

  • sans sourciller, je pratique encore des tas de ces mesures tout en ayant adopté le confort moderne des machines nouvelles ... c'est fou ce que "le linge" dure quand on le "respecte" !
    c'est ce qui énerve le plus maman dans son home ... que de voir son linge jeté au panier sans égard ...
    amitié .

  • Dès qu'elle s'en était rendue compte, Maman m'avait demandé de m'occuper de son linge.... Elle était outrée.
    Bon dimanche.

  • Des méthodes que nos "jeunes" perdent et c'est bien dommage, ma génération les utilise encore avec grand respect.

  • Cela me ramène les souvenirs des jours de lessive chez ma grand mère
    Bon dimanche

  • C'était tout pareil, j'ai connu dans ma petite enfance la lessiveuse sur la cuisinière avec son champignon qui arrosait régulièrement le linge, j'avais reçu en cadeau de Noel une petite lessiveuse réplique exacte de celle de grand-mère, elle mettait deux trois mouchoirs dedans et la petite et la grande bouillaient l'une à côté de l'autre, j'étais très fière d'étendre mon linge... Je l'ai toujours ma lessiveuse et je suis très soigneuse avec les vêtements et le linge comme grand-mère et maman, j'accomplis les mêmes gestes en pensant souvent à elles deux. J'utilise le beau linge brodé pour les grandes occasions, Le service à thé brodé pour moi par maman pendant ses rares moments de loisirs à tellement servi lui, que les fils brodés s'effilochent, maintenant il a droit au repos, tant de souvenirs lui sont attachés ... Beau dimanche.

  • Très, très beau texte qui encore une fois nous ancre dans le présent (différents temps à respecter) en parlant du passé. Il a fait remonter dans mes narines l'odeur de la lessiveuse fumante de ma grand-mère...
    J'aime m'occuper du linge (alors que le ménage m'horripile ! ) mais je t'avoue brûler beaucoup d'étapes. Je penserai à ton texte en étendant mon linge, plus lentement, avec plus de soin, plus "en conscience".
    Merci +++ à toi et très beau dimanche.

  • J'ai eu l'impression d'entendre la grand-mère Clotilde ! Ce que j'aime par-dessus tout, les draps étendus à même le pré pour sécher. Ils ont l'odeur de l'herbe fraiche, et sentent le parfum de mon enfance.

  • Le maintenant est n'est-il pas riche de l'antan ? Beau dimanche Séraphine. brigitte

  • J'ai appris comme ça aussi... et je continue !!!
    Beau dimanche, bisous

  • Tout un art, j'aime beaucoup le lavage, pliage mais pour le repassage oufff, je le fais mais j'avoue j'aime pas trop... Bise, bon dimanche dans la joie et la douceur!

  • "L’étendoir plein était une œuvre d’art.".... Oui vraiment de l'art modeste mais de l'art, celui du quotidien et du respect de ce qui accompagnait longtemps ( le linge, la vaisselle...) Toute une époque ! Bon dimanche

  • "Une montagne (de linge ?) si haute qu'elle soit, craint un homme (une femme aussi ?) lent."
    Me revient ce proverbe chinois.
    Beau dimanche de lavandière.

  • Merci à vous toutes qui, autour de Marie-Séraphine, constituez un cercle
    d'amies à la fois proches et lointaines !

    Les mêmes parfums d'enfance, les mêmes visages aimés aujourd'hui
    enfouis dans les brumes du souvenir : nous vibrons toutes à l'unisson
    en nous occupant du linge que, pour ma part, je continue d'utiliser chaque
    jour en pensant à celles qui l'avaient choisi, brodé et entretenu pour notre
    plus grand plaisir !

  • Chez ma grand-mère, on étendait le linge sur l'herbe du verger, je m'en souviens. Que de choses transmises par les mères, tant de manières de faire, d'attention, de gestes quotidiens.
    Le linge sèche à nouveau sur la terrasse (quand il ne pleut pas) et j'ai même pu repasser dehors ce week-end - en lissant bien, oui.

  • Comme tu te souviens bien cher Bonheur du Jour que tu fais scintiller une larme au coin de mes yeux, pour maman tant laborieuse, si méticuleuse pour sa maison, son linge, , dont la vie s'achève ici-bas, , et qui connaissait tous les secrets du beau, du propre, du bien-être, qui s'éteint doucement, nous laissant désemparés, mais riches de ses transmissions..... Elle a 95 ans.
    Je t'embrasse très émue...
    Den

  • Je reconnais tout ce que j'ai connu, la lessiveuse sur le feu, j'ai même connu très brièvement les plus âgées qui allaient encore laver à la rivière. L'arrivée de la machine a été un énorme soulagement, mais le linge restait une occupation centrale.

  • Un très beau texte. Comme le progrès et l'oubli ont marché vite pour reprendre les mots de George Sand !

  • Je me souviens de ma grand-mère qui etendait le linge à même l'herbe.. Belle nostalgie

  • Souvenirs d'une grand-mère rêvée...Je ne crois pas voir connu tout cela, sauf dans les livres de lecture.
    Magnifique évocation de ces rituels d'autrefois, qui nous semblent si beaux, si naturels...Mais à part cela, quand on habite une grande ville, vive le lave-linge !

  • Je me souviens lorsque maman faisait la lessive dans une grosse lessiveuse sur le gaz, c'était tout les lundi et lorsque je rentrais, ne j'aimais pas car cela faisait de la buée et maman ouvrait un peu la fenêtre et j'avais froid. Enfant, dans une famille dans un village, nous étendions le linge dans l'herbe, paraît-il qu'il restait blanc et il sentait bon.

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