Après avoir dévoré La dernière fugitive, de Tracy Chevalier il y a quelques temps, passer la soirée avec Prodigieuses créatures, du même auteur.
Découvrir tout un monde, celui des fossiles ; se voir fouillant sur les grandes plages anglaises en traversant des nappes de brouillard ; noter quelques mots nouveaux, mais ne pas en chercher la définition dans le dictionnaire pour laisser ailleurs la réalité et s’inventer couleurs et formes : « vertéberre », « gryphée », « ophiures », « crinoïde », « pentacrines », « coprolithes » ; s’attarder plus longtemps encore sur « lys de mer » : fleur qui fut flottante ou ondulait dans les fonds voilés, imprécise sur sa tige, au gré des courants voire des tempêtes, et dont la teinte, jamais nommée, variait suivant la lumière du jour….
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Passer la soirée avec René Char et Nicolas de Staël.
Passer la soirée à lire la correspondance entre René Char et Nicolas de Staël, ces deux êtres à l’existence fabuleuse.
Recopier quelques mots, par ci, par là : une formule de politesse de René Char : « Au revoir avec les mains du cœur » ou ce qu’il dit d’un tableau de Nicolas : « Ton tableau a l’odeur d’un bouquet d’étoiles de chaleur » ; à Bormes les Mimosas, Nicolas de Staël dit de la lumière qu’elle est « vorace » et dans une lettre de novembre 1953, « on touche souvent sa limite ».
Après avoir fini le livre, revenir aux premières pages de présentation qu’Anne de Staël clos par un extrait de « Commune présence », de René Char :
Tu es pressé d’écrire
Comme si tu étais en retard sur la vie
…
Hâte toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance
Effectivement tu es en retard sur la vie
La vie inexprimable
La seule en fin de compte à laquelle tu acceptes de t’unir