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  • Transmettre.

    A la jeune femme au ventre bien arrondi maintenant, on donne le petit paletot couleur crème sur lequel on a cousu trois boutons bleu des mers du sud. Elle est heureuse, pose le paletot sur ses genoux, tient entre ses mains les petites manches. Elle dit qu’elle aimerait bien avoir un bonnet assorti – d’ailleurs, il reste de la laine, et largement. On sort les catalogues de tricot. On les feuillette. On dit : « Celui-là, il est mignon ». « Oh, et celui-là ! » « Et celui-là, avec les petits pompons ! ».
    L’espace de quelques secondes, le monde d’antan ressurgit et des voix qui ne sont plus résonnent. Les vieux catalogues, surtout les Pingouins, se superposent à ceux d’aujourd’hui. Les tons de jaunes, car on ne savait pas si ce serait garçon ou fille, alors on tricotait en jaune, éblouissent les pupilles.
    Puis on revient au moment présent. La liste s’allonge pour le trousseau du bébé. On dit le mot « trousseau » d’ailleurs, qui étonne puis qui ravit quand on l’a expliqué. Quand la liste est faite et les modèles marqués dans les catalogues par des fils de laine, on continue à discuter. L’une, allongée, les mains sur le ventre ; l’autre qui monte les mailles pour le petit bonnet au point mousse. L’une finit par dire : « Tu m’apprendrais à tricoter ? »


  • Le bonheur d’écrire chaque jour.

    "Vers 45 ans, j’ai entrepris d’écrire chaque jour, et depuis, si je n’ai pas écrit un jour, il n’y a pas eu de jour. C’est une façon de lutter contre le retour à l’insignifiance, contre la peur de l’existence anonyme. (…) J’éprouve une grande douceur à déposer chaque jour, dans un cahier, le jour qui précède. Ce dépôt, j’ai l’impression de l’arracher à l’être. » Marie Depussé.

    On dédie cette phrase à la personne avec laquelle on parlait l’autre jour, de l’écriture, justement. De son étonnement à notre fidélité à écrire chaque jour à la main dans un carnet, de laisser ces carnets s'accumuler depuis plus de quarante ans, à parfois publier sur ce petit blog sans pour autant tendre à la moindre reconnaissance. On lui a dit : "C'est comme ça."