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laines pingouin

  • Transmettre.

    A la jeune femme au ventre bien arrondi maintenant, on donne le petit paletot couleur crème sur lequel on a cousu trois boutons bleu des mers du sud. Elle est heureuse, pose le paletot sur ses genoux, tient entre ses mains les petites manches. Elle dit qu’elle aimerait bien avoir un bonnet assorti – d’ailleurs, il reste de la laine, et largement. On sort les catalogues de tricot. On les feuillette. On dit : « Celui-là, il est mignon ». « Oh, et celui-là ! » « Et celui-là, avec les petits pompons ! ».
    L’espace de quelques secondes, le monde d’antan ressurgit et des voix qui ne sont plus résonnent. Les vieux catalogues, surtout les Pingouins, se superposent à ceux d’aujourd’hui. Les tons de jaunes, car on ne savait pas si ce serait garçon ou fille, alors on tricotait en jaune, éblouissent les pupilles.
    Puis on revient au moment présent. La liste s’allonge pour le trousseau du bébé. On dit le mot « trousseau » d’ailleurs, qui étonne puis qui ravit quand on l’a expliqué. Quand la liste est faite et les modèles marqués dans les catalogues par des fils de laine, on continue à discuter. L’une, allongée, les mains sur le ventre ; l’autre qui monte les mailles pour le petit bonnet au point mousse. L’une finit par dire : « Tu m’apprendrais à tricoter ? »


  • Moisson.

    Sur la route, admirer le ciel : il est vraiment bleu, d’autant que quelques nuages très blancs et très bouclés s’y promènent tranquillement.
    Remarquer que les genêts commencent à fleurir, ainsi que le thym.
    Dans Brignoles, au détour d’une ruelle sombre, tomber sur un rosier ancien tout en fleurs : de belles roses fuchsia très odorantes ; l’une d’elles, lourdement éclose, baisse la tête ; pour en humer le parfum, on la soulève de la main délicatement puis on la repose dans l’air ensoleillé.
    S’arrêter chez Pingouin faire quelques achats. La laine Pingouin n’existe plus, bien sûr, mais le magasin en a gardé le nom.
    Passer à la librairie Le bateau blanc ; tailler une bavette avec la vendeuse ; repartir avec Je me souviens de tous vos rêves, de René Frégni.
    Au retour, s’arrêter, comme d’habitude, chez le producteur de roses où on choisit un gros bouquet de roses blanches qui elles aussi embaument l’habitacle de la voiture dans laquelle on lit à quelqu’un quelques passages de Vie et mort d’un étang, de Marie Gevers.