Puisqu’il faut rester tranquille, poser près de soi les poésies d’Emily Dickinson, et quelques livres qui l’évoquent.
Penser à sa vie de recluse.
Relire quelques lettres. Lumineuses. Un extrait, Emily Dickinson raconte avoir amené pour se promener une petite fille dans la prairie se trouvant devant sa maison : Elle s’est adossée à des murs de trèfle et ils ont cédé, la faisant choir.
Relire quelques poèmes. Fulgurants. On aimerait écrire comme ça, avec autant de justesse.
Chaque Vie converge vers un Centre –
Converger vers son centre. En voilà un beau projet.
Exprimé – ou muet –
Existe en toute Nature Humaine
Un But –
Manqué – peut-être par la vile Aventure d’une Vie –
Mais alors –
L’Eternité rend possible de le tenter
Encore.
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Chanter.
On rentre dans la nuit après avoir passé des heures dans un service où des professionnels exceptionnels font preuve tout autant de compétences que d’humanité.
La maison est bien chaude. On se repose. Au tout petit matin, on peut se lever et on prend plaisir à préparer le café. On fait griller du pain. On beurre les tartines de quelqu’un. On y rajoute de la marmelade d’oranges qu’on a faite spécialement pour ce régal-là. On se demande : Ça va ? Tu as bien dormi ?
Puis, toujours ensemble, on reste dans le silence après avoir appris que l’idole des jeunes s’en est allé.
Puis, on se remémore des tas de moments, des tas de souvenirs, des tas de chansons.
Et on chante.Les gens m’appellent l’idole des jeunes / Il en est même qui m’envie / Mais ils ne savent pas, dans la vie / Combien tout seul je suis.
On peut chanter cette chanson intégralement – et bien d’autres encore. Mais c’est celle-ci qu’on va garder le temps qu’il faut ; au moins sur la route de ce jour.