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  • Gourmandise des mots : bouton-d’or.

    Le petit chemin qui mène chez AM est si étroit qu’il est impossible de s’y croiser à deux voitures. Mais, depuis des années qu’on l’emprunte, on n’a jamais été confronté à un croisement problématique. De part et d’autre, quelques maisons très fleuries en ce début de printemps, et un pré. Sur le talus qui le borde des arbres de Judée terminent leur floraison et abritent un joli tapis de boutons-d’or.
    On se promet, au retour, d’en cueillir quelques-uns comme on aimait le faire, enfant, après avoir joué toute l’après-midi dans le Parc près de la maison.
    C’est ce qu’on fait. L’après-midi se termine. La soirée est bien avancée. On prend plusieurs tiges fourchues sur chacune desquelles fleurissent plusieurs fleurs ; elles sont cinq pétales, cinq sépales et dévoilent si on a le goût du beurre. On rajoute deux coquelicots, deux pentecôtes (le nom régional d’un joli lilas sauvage), et deux pissenlits. Le bouquet est mis dans un petit vase sur la commode de la chambre. Le soir, une fois la maison calme et les lampes allumées, on voyage dans le monde du bouton-d’or.
    On découvre alors que seul le renoncule âcre peut se prévaloir du titre de bouton d’or point, puisqu’il y a le bouton d’or à grandes feuilles, celui à mille feuilles, le bouton d’or de Canut, le bouton d’or à feuille d’ophioglosse… On s’arrête sur ce mot ophioglosse : le Trésor informatisé de la langue française apprend qu’il s’agit d’une petite fougère à une seule feuille et cette feuille est engainante. On se promène chez les fougères puis on revient aux fleurs des bois. On attrape un petit livre qu’on aime bien consulter : Fleurs des bois, dans la collection Petits atlas Payot Lausanne. On l’avait reçu en cadeau alors qu’on sortait à peine de l’enfance et qu’on allait quasi quotidiennement se promener dans la forêt toute proche. Pas de bouton-d’or dans le petit atlas, mais la benoîte commune qui semble en être la copie conforme, surtout que les boutons-d’or qu’on a cueillis dans le petit chemin ont une longue tige. Sur la même page, on parle de la ficaire printanière. Les fleurs se ressemblent, mais pas les feuilles.
    On rêve sur ce jaune du bouton-d’or, de la benoîte, de la ficaire, puis de l’hélianthème commun, de la garance voyageuse, le millepertuis, le narcisse, la jonquille, …. Et la barbarée des rochers qui a quatre pétales ? … Se passe-t-il la même chose qu’avec le bouton-d’or quand on approche ces fleurs-là du menton ?

  • Un autre vase bleu.

    C’est toujours agréable de déambuler dans la vieille ville d’une cité italienne. C’est calme. Peu de monde ; uniquement des habitants qui rentrent de leur travail ou de leurs courses ; ils ont dû s’arrêter là où on a vu une boulangerie et une épicerie-quincaillerie qui exposait à l’extérieur planches à repasser, petits chariots pour les courses, pots de fleurs empilés ; sa vitrine était partagée en deux : d’un côté, les cafetières et les machines à pâtes, de l’autre, des légumes et des fruits. On avance, on monte, on emprunte des escaliers sombres et on débouche sur une placette ensoleillée. Le temps de reprendre sa respiration et on voit une petite brocante. On nous souffle qu’il y a là peut-être un nouveau vase bleu… On relève et le pari et on y entre, en tenant bien contre soi le sac car l’échoppe est minuscule. Dans un coin, il y a effectivement des vases et, parmi eux, une potiche dans son capuchon, en porcelaine blanche et bleue de Maastricht ; guère ancienne, mais si jolie qu’on la voit déjà être transformée en une jolie lampe. On a déjà un grand abat-jour blanc qui attend. On peut se l’offrir et on repart avec. On la posera près du vase ramené l’été dernier.