Passer plusieurs soirées de suite, de longues et de belles soirées, avec La vie secrète des arbres, de Peter Wohlleben. On a attendu son tour pour lire ce livre, emprunté à la Médiathèque de Sanary. Parce qu’on l’a attendu, on l’a encore plus apprécié surtout que, au bout du compte, un des premiers points qu’on retiendra de ce livre, c’est qu’il est bon de prendre son temps. Le temps des arbres est lent ; il n’y a pas d’agitation dans leur monde.
Le deuxième point, c’est l’urgence de revenir à une gestion économe de la nature. Pas de gaspillage dans le monde des arbres, alors que les hommes gaspillent tout, et en particulier les forêts primaires.
Ce qu’on a retenu aussi, c’est qu’il faut que nous acceptions humblement que les arbres sont du domaine du vivant, et donc du questionnement, et donc de l’inconnu. Cette humilité est source d’émerveillement. Ainsi d’un phénomène auquel on n’avait jamais réfléchi : dans l’hémisphère nord, les arbres connaissent l’alternance des saisons et savent quand arrivent à l’automne le moment de perdre ses feuilles et au printemps le moment de les faire naître ; et si un arbre de l’hémisphère nord, un chêne ou un hêtre, est transplanté dans l’hémisphère sud, il s’adapte au rythme inverse des saisons. On en est resté bouche bée.
Enfin, nous avons aussi beaucoup à apprendre des arbres au sujet de la vie en communauté. Peter Wohlleben dit que les arbres "s’aident les uns les autres sans condition." On recopie ici un passage très émouvant : "Chaque arbre est donc utile à la communauté et mérite d’être maintenu en vie aussi longtemps que possible. Même les individus malades sont soutenus et approvisionnés en éléments nutritifs jusqu’à ce qu’ils aillent mieux. Une prochaine fois, peut-être les rôles s’inverseront ils et ce sera l’arbre-soutien qui à son tour aura besoin d’aide. Les gros hêtres à l’écorce grise qui se protègent mutuellement me font penser aux éléphants qui vivent en troupeaux. Eux aussi défendent chacun des membres du groupe, eux aussi aident les malades et les moins vaillants à reprendre de la vigueur et ne laissent qu’à regret leurs morts derrière eux."
- Page 6
-
-
Deux fois deux vers.
En lisant Et vous avez eu beau temps, de Philippe Delerm, on relève deux vers de Guillevic :
On ne possède rien, jamais,
Qu’un peu de temps.
Voilà bien la fulgurance de la poésie.
On se lève pour aller dans la bibliothèque, au rayon Poésie chercher ce qu’on a de Guillevic. Las, uniquement le recueil Ville. On le feuillette à tout hasard et on s’y promène un bon moment. On y trouve d’autres beaux vers dont ceux-ci :J’écris pour ajouter
Au monde quelque chose.
Voilà deux belles pépites pour la journée : deux fois deux vers de Guillevic.