Ton absence n’est que ténèbres : Lire Stefànsson procure à chaque fois une impression très forte. Ce dernier livre est si beau, si vaste, si émouvant ! On retrouve les mêmes thèmes : la vie, la mort, l’amour, le désamour, l’absence, le temps qui passe, des vies qui s’ajoutent à d’autres vies, presqu’aux mêmes endroits. Une phrase : « Qu’adviendra-t-il de toutes les histoires du monde, qui en prendra soin ? » (p. 283)
Jung, un voyage vers soi : Une biographie de Jung par Frédéric Lenoir. Une lecture très lente, par épisode presque : c’est la deuxième fois qu’on emprunte ce livre à la bibliothèque puisqu’au premier prêt, on ne l’avait pas terminé parce qu'il était temps de le rendre et que ce n'est pas le genre de livre qu'on engloutit d'une traite.
Vol de nuit : Relire Saint-Exupéry après avoir écouté une émission fort intéressante sur France Culture.
Les premières lignes de Vol de nuit sont magnifiques. Tout est là. Toute l’œuvre est là. C’est vrai ce qu’on dit, que ce sont dans les premières lignes qu’on se rend compte de ce qu’est un livre. « Les collines, sous l’avion, creusaient déjà leur sillage d’ombre dans l’or du soir. Les plaines devenaient lumineuses mais d’une inusable lumière : dans ce pays elles n’en finissent pas de rendre leur or de même qu’après l’hiver, elles n’en finissent pas de rendre leur neige ». Une autre phrase, à propos de l'inspecteur Robineau, phrase qui donne envie d’écrire aussi bien : « Seules, dans la vie, avaient été douces pour lui, les pierres ».
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Gourmandise de mots : les roses de Pia Pera.
« Depuis leur première apparition, j’épie les boutons de rose minuscules et serrés, comme des écrins en miniature, tantôt ronds, tantôt allongés, avec parfois des pétales disposés capricieusement, par petites giclées. Chacun d’eux m’inspire une tendresse poignante, mêlée de curiosité envers les nuances, les formes comprimées jusqu’à l’invraisemblable. Et puis enfin, quelque chose transparaît : l’étreinte des sépales se relâche, tandis que la fleur pousse afin de s’ouvrir à la rencontre de la lumière. Pour le bouton, c’est la capitulation, et alors les rôles s’inversent : on voit la petite couronne de sépales ployée, vaincue, au pied de la fleur triomphante, tantôt dessinée selon des lignes Art nouveau, tantôt fluide comme dans la tache de couleur d’un impressionniste, tantôt avec des pétales disposés en corolle simple, comme dans un codex enluminé. » (p. 84)
Magnifique et émouvant livre de Pia Pera, Ce que je n’ai pas encore dit à mon jardin, Ed. Arthaud, traduit de l’italien par Béatrice Vierne.