« Depuis leur première apparition, j’épie les boutons de rose minuscules et serrés, comme des écrins en miniature, tantôt ronds, tantôt allongés, avec parfois des pétales disposés capricieusement, par petites giclées. Chacun d’eux m’inspire une tendresse poignante, mêlée de curiosité envers les nuances, les formes comprimées jusqu’à l’invraisemblable. Et puis enfin, quelque chose transparaît : l’étreinte des sépales se relâche, tandis que la fleur pousse afin de s’ouvrir à la rencontre de la lumière. Pour le bouton, c’est la capitulation, et alors les rôles s’inversent : on voit la petite couronne de sépales ployée, vaincue, au pied de la fleur triomphante, tantôt dessinée selon des lignes Art nouveau, tantôt fluide comme dans la tache de couleur d’un impressionniste, tantôt avec des pétales disposés en corolle simple, comme dans un codex enluminé. » (p. 84)
Magnifique et émouvant livre de Pia Pera, Ce que je n’ai pas encore dit à mon jardin, Ed. Arthaud, traduit de l’italien par Béatrice Vierne.
ce que je n'ai pas encore dit à mon jardin
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Gourmandise de mots : les roses de Pia Pera.