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MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 125

  • Très tôt.

    A la plage, très très tôt le matin, sur le sable, entre les algues et quelques cailloux, les traces des pattes des mouettes. Dans l’eau fraîche, des poissons minuscules accompagnent le bain.

  • Le monde vain.

    Pouvoir parler à une amie écoutée longuement en puisant dans sa propre expérience personnelle ce qui est peut-être un conseil : c’est mieux de laisser tomber. Quand elle part, on ne sait pas ce qu’elle en fera, mais peu importe.
    Bien trop souvent dans la vie, on se sent obligé d’être parfait ou parfaite, c’est selon. Chaque matin, on a tout à prouver. Mais c’est ce qu’on croit. En fait, on est dans une logique du faire et de l’avoir – ne rien lâcher – et surtout, accumuler des compliments, des promotions, des charges, et renforcer un statut social.
    Parfois, quelque chose arrive, ce qu’on peut appeler un grain de sable. On ne doit pas s’en réjouir, non, pas du tout, mais on doit arriver à se poser un instant pour y réfléchir : ce qui se passe, là, c’est le signe de quoi ? est-ce que cela ne m’aide pas à mettre les choses en perspectives, à remettre de l’ordre dans les obligations de ma vie ? C’est loin d’être facile d’accepter alors de changer de logique. Après la logique de l’accumulation, on entre dans celle de la perte : « je ne suis plus », « je n’ai plus », « je ne peux plus », « ce n’est plus moi qui… », « plus personne ne m’appelle », « je ne fais plus ceci ou cela ». Mais si on est patient, on vivra le moment où on pourra dire : « je suis » et on regardera enfin tout sereinement ceux et celles qui s’agitent et frétillent de se croire indispensables dans un monde vain.