C’est toujours agréable de déambuler dans la vieille ville d’une cité italienne. C’est calme. Peu de monde ; uniquement des habitants qui rentrent de leur travail ou de leurs courses ; ils ont dû s’arrêter là où on a vu une boulangerie et une épicerie-quincaillerie qui exposait à l’extérieur planches à repasser, petits chariots pour les courses, pots de fleurs empilés ; sa vitrine était partagée en deux : d’un côté, les cafetières et les machines à pâtes, de l’autre, des légumes et des fruits. On avance, on monte, on emprunte des escaliers sombres et on débouche sur une placette ensoleillée. Le temps de reprendre sa respiration et on voit une petite brocante. On nous souffle qu’il y a là peut-être un nouveau vase bleu… On relève et le pari et on y entre, en tenant bien contre soi le sac car l’échoppe est minuscule. Dans un coin, il y a effectivement des vases et, parmi eux, une potiche dans son capuchon, en porcelaine blanche et bleue de Maastricht ; guère ancienne, mais si jolie qu’on la voit déjà être transformée en une jolie lampe. On a déjà un grand abat-jour blanc qui attend. On peut se l’offrir et on repart avec. On la posera près du vase ramené l’été dernier.
MOISSONNER / Bonheur du jour quotidien - Page 127
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Un autre vase bleu.
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Le figuier au printemps.
En allant chercher le pain, il est bon de remarquer combien l’air s’est adouci. Les pluies très épaisses, on aurait même envie de dire grasses, ont lavé le pollen. Elles ont abreuvé les feuilles du figuier du coin de la rue. Chacune s’est affranchie de son bourgeon en déployant d’un coup ses lobes profonds que le vent sèche et lisse. Mais c’est fragile encore, comme sur une tête de nouveau-né la fontanelle palpitante.