Alors que dehors le vent fait danser aux oliviers soit une polka soit une farandole, oser parler à ceux qui sont là des livres des Bonheurs du Jour. Les sortir. Les montrer. Quelqu’un prend le livre des Bonheurs du Jour 2012 et se met à lire. Un autre prend celui de 2013 et se met à lire aussi. Un troisième se plonge dans la nouvelle édition, celle de 2014.
Dans la pièce sombre, un grand silence se fait, duquel surgit le léger crissement de pages de livres qu’on tourne de temps en temps.
Avant de reprendre ses esprits, on regarde, sidérée, trois personnes en train de lire des livres qu’on a écrits.

Faire la fête avec les voisins.
Installer une grande table près des boîtes aux lettres et la recouvrir d’une nappe en papier.
Décorer de bougies à la citronnelle.
Installer les plats au fur et à mesure.
- J’ai fait une salade de pâtes.
- Moi, un taboulé.
- J’ai préparé des tortillas.
- Moi, c’est clafoutis.
- Une tarte aux pommes
- J’ai du fromage.
- Un peu de charcuterie.
Tout prend forme.
- On a assez de verres ? Je vais en chercher sinon.
Un voisin apporte du rosé bien frais ; il a son tire-bouchon dans la poche de sa chemise.
On fait des allers et retours car enfin, il ne faut pas oublier les chaises.
Et puis, au fur et à mesure de la soirée, on se parle.
- Et vous, vous habitez le quartier depuis longtemps, je crois ?
- Oh oui, quand je suis arrivée, là, il y avait encore des oliviers. Mais Monsieur, lui, il était là encore avant.
Et Monsieur l’Ancien raconte la première fois qu’il est venu et comment il a ressenti comme un besoin de vivre ici, sur ce terrain en pente, à Sanary.