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CONTEMPLER / Liste de contemplation - Page 16

  • Contemplation/dégustation.

    En descendant le chemin au bout duquel il y a la mer, un figuier embaume. On s’arrête. A la saison des figues, il est d’usage de s’arrêter devant chaque figuier croisé durant la promenade. Peut-être y en a-t-il qu’on pourrait marauder ? Celle-ci, peut-être ? On devrait pouvoir y arriver : elle n’est ni très haute, ni très loin. Il s’agit alors d’attraper une feuille et de la tirer à soi, puis d’attraper le rameau feuillu et de tirer encore, mais tout ceci très légèrement afin d’attraper la branche qui suit d’un même mouvement et, en se haussant sur la pointe des pieds et en levant bien haut le bras on peut enfin l’attraper. Délicatement, et en faisant fi du chapeau de paille qui tombe à terre, on la détache mais on ne relâche pas du tout brusquement les branches : on repart en arrière comme si on avait grimpé sur une corde et qu’on en redescendait, tout en sentant dans la paume la chaleur du fruit. Ensuite, on ouvre la main et on regarde la figue. Elle est belle, toute dodue. Elle luit. C’est une fleur, en fait. Comme on l’a appris tout enfant, on l’ouvre en deux en partant du pédoncule jusqu’à l’ostiole au cas où il y aurait une petite bête à l’intérieur. Le spectacle est superbe : des petites billes d’or pur, nichées dans une chair pourpre, s’illuminent sous le soleil du solstice. On mord dedans, le jus s’écoule sur les doigts. C’est du sucre. On pose la peau dans l’herbe et alors qu’on va partir, la tentation est trop forte de recommencer car il y a une autre figue presque tout à côté de celle qu’on vient de déguster. Elle est irrésistible. On recommence : tirer sur la feuille, doucement, sur le rameau, tout doux, sur la branche, attention à ne rien brusquer, se mettre sur la pointe des pieds (on n’a pas pris le temps de ramasser le chapeau qui a roulé à quelques pas), tendre le bras, tirer encore un peu mais tout doucement, et attraper l’autre figue dodue, violette, charnue, luisante ; puis en la calant dans la paume relâcher la branche mais en retenant bien le rameau, puis relâcher le rameau tout en retenant bien la feuille, puis laisser la feuille reprendre de la hauteur, redescendre de la pointe des pieds et admirer la figue. Et se régaler sans passer une seule étape du rituel de la dégustation d’une figue maraudée en chemin. En partant, dire merci, un grand merci, avant de s’essuyer les mains un peu collantes aux herbes folles du bord du chemin et, bien sûr, de ramasser le chapeau qu’on remet sur la tête.

  • Les écumes de la mer.


    Regarder l’écume de la mer. Quand une vague se forme, elle l’en coiffe. Quand la vague se brise dans l’effervescence des flots dansants sous le vent ou sur la grève de la plage, c’est de cette brisure qu’elle éclot. Elle est ainsi à chaque fois nouvelle. Une multitude d’écumes distinctes toujours au sommet des flots bleus ou gris ou verts. Autant d’écume, d’écumes, autant de vagues. Une création qui jamais ne cesse, qui n’a jamais cessé, qui ne cessera jamais. Quand le vent ne souffle pas, c’est simplement un temps de pause. L’écume réfléchit alors, peut-être ? Elle rêve des lieux où elle sera l’écume ? Ou bien la vague ? Ou bien est-ce une attente tranquille, une mini-jachère de mer, le temps que le vent revienne souffler. Car s’il ne souffle pas là, on peut être certain qu’il doit souffler ailleurs puisqu’il n’y a pas de monde sans vent et les vagues là-bas se former puis se briser et l’écume naître, les écumes naître. C’est partout qu’elles existent, les franges d’écume au sommet des flots, c’est partout qu’elles sont à chaque fois nouvelles, chacune différente mais si semblable à l’autre, dans chaque mer, dans chaque océan, dans chaque grand lac. Aujourd’hui. Hier. Demain.