Dans la colline, ramasser du romarin et du thym et remarquer que les oxalis, réunis en coussin au creux des autres herbes, sont tout épanouis dans le soleil et que, parfois, les mimosas ont déjà quelques hampes fleuries sur les branches les plus hautes.
Puis, en descendant, rester sur le bord de la mer à écouter le ressac sur les galets.
Là, une dame est en train de peindre ces galets gris, ce ressac blanc, la mer et sa houle et le ciel. Sa toile où se mêlent des bleus lumineux se prolonge vers l’horizon.
Sentant ma présence, la peintre tourne la tête. Partage de sourires.
Le temps se suspend et reste dans un petit espace d’harmonie quelques instants face au chaos du monde.
dans la colline
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Face
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Dans la colline.
Aller dans la colline, c’est quitter les habitations et la route goudronnée pour prendre un sentier bien souvent sinueux et irrémédiablement pierreux. C’est rencontrer des arbres. Beaucoup de chênes pubescents dont les feuilles tombent et fanent, des chênes verts dont les feuilles ne sont ni lobées ni jaunes, et des chênes kermès dont les dernières pluies ont avivé les épines ; des cades chevelus aux reflets bleus déjà alourdis par leurs nombreux fruits, petites boules vertes, mais bientôt noires ; des pistachiers térébinthes aux belles petites feuilles jaunes et rouges ; des arbousiers dont les fruits n’ont pas encore pris leur teinte de Noël. C’est rencontrer des pierres, de celles que le pied évite ou d’autres qu’on appelle rochers. C’est déboucher sur des clairières tapissées d’un thym si odorant qu’on en prend quelques brins pour la tisane du soir. C’est recevoir la pluie dont les gouttelettes éparses abreuvent le sillon du chemin creux puis, quand le mistral émet ses premiers souffles pour prévenir les nuages qu’il est temps de faire toute la place au bleu du ciel, recevoir une pluie de feuilles virevoltantes, quasi-joyeuses dont certaines, joueuses aussi, viennent se coller sur le bout du nez. Ce n’est pas grave qu’il fasse alors plus froid et que les doigts s’engourdissent un peu à la cueillette des pissacans, des coulemelles voire des girolles : il fait un grand soleil et on va et vient entre les taches de lumière et d’ombre. Puis, debout au milieu de la forêt, on se souvient de quelques passages de Pagnol évoquant l’automne en Provence dans Le château de ma mère.