Un été avec Romain Gary : « Les cerfs-volants », un magnifique roman dédié à la mémoire, publié en 1980. Le dernier d’une œuvre prodigieuse. Quelques mots prononcés par Ambroise, l’oncle du narrateur, le jeune Ludovic, donne le ton des convictions qu’il serait bien d’avoir encore aujourd’hui : « (…) si tu aimes vraiment quelqu’un ou quelque chose, donne-lui tout ce que tu as et même tout ce que tu es, et ne t’occupe pas du reste… » (1)
Anniversaire : Dans la grande salle du restaurant de la grande maison pleine de pensionnaires durant l’été, pour une semaine ou plus, c'est selon, fêter l’anniversaire d’une dame dont on ne dira pas l’âge. On a fait préparer le grand gâteau à la crème qu’elle aime et au moment du dessert, on le lui amène, surmonté de bougies que, dans son émotion, elle a de la peine à souffler parce que vraiment, répètera-t-elle plusieurs fois, je ne m’y attendais pas ! A tour de rôle, chacun se lève pour lui présenter ses vœux – certains osent un baiser sur la joue qu’elle accepte bien volontiers tellement elle est heureuse -, on prend des photos, on sert à boire et le gâteau est coupé en autant de parts qu’il faut et qu’on amène d’un bout à l’autre de la pièce en veillant bien à n’oublier personne. Et quand la dame dont c’est l’anniversaire soulève son verre et salue toute l’assemblée joyeuse, elle sourit. C’est alors qu’on l’applaudit avant de se régaler de la bonne crème dont on n’hésitera pas à, éventuellement, s’en lécher les doigts et de vider le verre de Moscato.
(1) Romain Gary, Les Cerfs-volants, Folio, n°1467, p. 17. Livre emprunté à la médiathèque Jacques Duhamel de Sanary-sur-mer, cote R/GAR.
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Un été avec Romain Gary, un anniversaire avec de la crème.
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Un été avec Romain Gary.
Lectures et relectures :
« Romain Gary, le caméléon », de Myriam Anissimov.
« La nuit sera calme », de Romain Gary.
« Le sens de ma vie », de Romain Gary.
La biographie de Myriam Anissimov est un livre fort intéressant, très fouillé, s’appuyant sur des documents et des témoignages. Mais je n’ai pas tout lu car, fondamentalement, cela m’importe peu que Romain Gary soit né à Vilnius ou à Moscou, que sa mère ait préparé des tas de lettres avant sa mort avec consigne de les lui envoyer pour qu’il tienne le coup pendant la guerre, ou que ce soit lui qui ait préparé des cartes postales à lui faire envoyer, ou qu’il se soit inspiré d’un roman de Nabokov dans lequel le personnage principal prépare des lettres pour sa bien-aimée avant de partir pour une mission périlleuse. Ce qui m’intéresse, c’est ce besoin de raconter des histoires.
Cette histoire de lettres, j’y crois, parce qu’elle est vraie dans le sens ou non seulement elle est extraordinaire mais aussi très réaliste par rapport au caractère de Mina, la mère de Romain Gary, dont il disait qu’elle était le premier Général De Gaulle qu’il avait connu.
Oui, c’est une histoire vraie comme seuls les grands romans en racontent. Et jusqu’au bout, Romain Gary racontera toujours les histoires comme elles ont été écrites dans ses livres, comme il le fait dans "Le sens de ma vie", une série d’entretiens qu’il a accordé à Radio Canada en 1980, peu de temps avant son décès ou encore dans "La nuit sera calme", une série d’entretiens fictifs, parue en 1974. Parce qu’il était ce qu’il y avait dans ses livres, essentiellement.
Prochaine lecture de Romain Gary : "Les Racines du ciel" – ce sera une relecture. Le titre est magnifique. Il est déjà une histoire.