Sur la route de St Cyr, prendre les petits chemins de traverse et passer par Ste Trinide car on voudrait bien retrouver le magnifique mimosa dont on a gardé depuis l’an dernier le souvenir.
Poser la voiture quelque part, et partir à pied. Il pleut. Le ciel est gris. Les arbres sont fouettés par le vent. C’est l’hiver dans le Sud, mais il y a toujours un éclat de lumière quelque part : dans le feuillage vert bronze des oliviers, dans quelques fleurs de forsythia qui ont fleuri un peu tôt, et voilà, dans ce mimosa-là, celui qu’on cherchait. Il semble aussi ancien qu’un chêne royal des forêts et les boules jaunes sont bellement gorgées de pluie qu’elles retiennent pour abriter un instant la promeneuse ébahie. Un oiseau, tout près, sautille dans les flaques de la route étroite qui part serpenter dans la colline et boit en picorant. Il transmet sa joie.
Du sac à dos, on sort un livre de poème de François Cheng, La vraie gloire est ici :
Flaque de lumière
Flaque d’eau,
Au sein de l’éternelle rotation des astres,
Cette brève flamme chasse la lente grisaille
D’un après-midi.
Flaque de lumière,
Flaque d’eau,
Attirant quelques moineaux : leurs gazouillis
Rappellent un instant le bonheur terrestre :
La soif étanchée.
françois cheng - Page 4
-
La pluie l’après-midi.
-
Passer la soirée avec François Cheng et réfléchir sur la beauté de la vie.
Passer la soirée à lire les entretiens de François Cheng avec Françoise Siri, et réfléchir sur la beauté de la vie :
« La laideur règne partout, certes. A cause de divers maux à l’œuvre, y compris la violence extrême, notre société et notre environnement sont rongés par la laideur. Toutefois il faut apprendre à percevoir la beauté cachée. A côté des grandes beautés qu’on peut trouver dans les paysages ou les œuvres d’art, la beauté continue à s’incarner dans la vie courante : un visage rencontré, un sourire échangé, quelques fleurs anonymes poussant dans un recoin du trottoir, un rayon de soleil couchant dorant un vieux mur…. » (page 64).