Balayer la terrasse en s’occupant de chaque plante : enlever les feuilles fanées, vérifier que la terre est humide, essuyer les larges feuilles du caoutchouc, sourire aux tulipes qui pointent d’un cm à peine et aux fleurs blanches du crassula.
Recevoir avec joie une collègue qui vient prendre des nouvelles ; boire un café, papoter, rire, et se quitter en se promettant de se revoir au plus vite.
Ecrire quelques lettres et mettre des petits brins de mimosas dans les enveloppes qu’on choisit jaunes, bien sûr.
Aimer de plus en plus la blancheur du Mont Faron quand, le soir, le soleil l’éclaire directement comme le ferait un projecteur sur un acteur de cinéma.
Nettoyer et ranger les placards de la cuisine.
Préparer sans aide le repas du partage : poulet au curry, riz, panna cotta et orange.
Un après-midi de repos, regarder une émission sur Ruth Denison puis rester à écouter le silence : le vent qui souffle dehors, la pendule qui tic et taque à l’intérieur, le plancher qui grince tout à coup, le chat endormi qui se met à rêver.
Etre surprise par le premier amandier en fleurs, au coin de l'avenue Auguste Plane.
mont faron - Page 2
-
Moisson.
-
Les pages du ciel.
Lundi. Il fait grand jour. Ciel chargé de nuages sombres aux contours ciselés. Le sommet du Faron est seul dans le soleil, ce qui rend ses pierres bien jaunes.
Mardi. A l’ouest, la lune si proche. A l’est, le ciel de la nuit est encore endormi. Le temps du passage, l’air est rose.
Mercredi. Ce n’est pas encore le jour, mais ce n’est plus tout à fait la nuit. Le bleu du ciel, qui semble peint à l’aquarelle, beaucoup d’eau pour éclaircir le bleu de Prusse, apparaît progressivement, le temps de la traversée, comme une paupière qui en s’ouvrant va faire basculer la nuit de l’autre côté du monde.
Jeudi. Un ciel pâle car la pluie de la nuit semble l’avoir lavé de toute lune et de toute étoile.
Vendredi. Bleu nuit. Bleu violet. Bleu rosé. Bleu ciel. Bleu gris. Bleu nuit.