Alors qu’on est invité à dîner chez des amis et qu’on sait qu’ils boivent plus souvent maintenant du café décaféiné, on leur en apporte d’un fournisseur de qualité et on leur précise qu’il a été décaféiné à la vapeur. Le cadeau est apprécié et, en fin de repas, on le goûte pour le plaisir de chacun. Son goût est doux comme un biscuit qu’on y aurait trempé.
Mais le goût est riche de son histoire, et il rappelle, tout à trac, le café de l’antan.
Ce café était cher ; mais parce qu’on était très pauvre. C’était une denrée qu’on a cru longtemps être rare ; on l’utilisait avec parcimonie ; on l’achetait dans de gros paquets ; un gros paquet même, peut-être en début de mois. Même quand on se fut habitué au café moulu dans des paquets de 250 grammes, aux filtres et à la cafetière électrique, on continuait à dire que c’était bien cher, le café, et qu’il ne fallait pas le gâcher. On pouvait entendre cela : « Je viens de faire du café, il est tout frais. Tu en veux ? » Le café tout frais, c’était comme une fête. Quand il en restait, on le réchauffait dans la petite casserole en zinc dédiée à cet effet, celle dont le manche en bois roulait sur lui-même et qu’on prenait avec précaution, parfois avec un chiffon plié en huit pour ne pas se brûler en touchant le métal du bout du manche. Jeter le café qui restait pour en refaire d’autre, voilà ce qui était une hérésie ; laisser au fond de sa tasse quelques gorgées de café, voilà ce qui signalait combien on était désinvolte par rapport à la dureté de la vie. Le plus souvent, on faisait le café le matin pour que celui qui soit rentrait de l’usine soit y partait puisse se réconforter. Dans la journée, on buvait ce qui restait et quand il n’y en avait plus, et bien, on attendait.
Et, quand, chez les amis à qui on avait apporté le décaféiné, on s’était vu proposer à nouveau une tasse, on s’est encore étonné de ce que dans ce monde il semble qu’on puisse être approvisionné de tout, tout le temps.
Bonheur du jour - Page 664
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L’antan : le café.
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Moisson.
Ne pas avoir kiné pendant deux semaines.
Planter des gazanias orange et jaunes autour du pied du chèvrefeuille.
Nettoyer la vitrine de fond en comble.
Sur la route de St Cyr, se régaler de voir sur les bords des chemins des coquelicots tout pimpants.
En sortant de L’Entraide, remarquer que la bourrache a fleuri ; en manger une fleur et inciter ceux qui sont là à faire de même ; une dame s’exclame : « C’est la première fois de ma vie que je mange des fleurs ! ».
Mettre dans le carton pour le prochain envoi à Tricoter Cœur un pull taille 2 ans qu’une amie a tricoté spécialement pour participer. On trouvera dans ce carton également : une brassière blanche et rose taille 3 mois avec les petits chaussons et un bonnet assortis, un pull irlandais garçon taille 6 mois, un pull garçons taille 18 mois bleu et blanc, une brassière rose en rangs raccourcis taille 3 mois avec les petits chaussons assortis.
Ecouter Emmanuel Schmidt parler de son dernier livre sur Chopin et avoir une grande envie de le lire au plus vite.
Recevoir la commande de l’Herboristerie du Père Blaize.
Donner le biberon à un bébé qui s’y agrippe très fort puis qui s’endort en têtant.