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desnos

  • Poésie nourrissante.

    Envoyer à quelqu’un qui croit que l’ombre est seulement sombre ces quelques vers d’Anne Perrier :

    Nourris de silence
    Gorgés d’ombre
    Les astres se ressemblent me ressemblent
    Comme autant de questions posées à l’obscurité

    La poésie fulgurante d’Anne Perrier nous accompagne ici depuis quelques jours.
    Ce quatrain, on l’aime car il est la poésie nourrissante. Il n’a pas de point, comme une ouverture totale au monde. Il évoque les astres qu’on regarde la nuit par la lucarne. Il est un hommage au silence qu’on aime depuis toujours. Il comporte le mot question, ami du quotidien. Et puis il évoque l’ombre.
    Le mot ombre a une sonorité humaine car elle suit la respiration : inspirer, om – expirer, -bre. Elle est belle, l’ombre d’Anne Perrier, gorgée de sève. Elle portera la lumière pour toujours. Elle sera une compagne féconde.

    Puis, revient en mémoire un autre poème, de Desnos celui-là :
    J’ai rêvé tellement fort de toi,
    J’ai tellement marché, tellement parlé,
    Tellement aimé ton ombre,
    Qu’il ne me reste plus rien de toi,
    Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres
    D’être cent fois plus ombre que l’ombre
    D’être l’ombre qui viendra et reviendra
    Dans ta vie ensoleillée

    On se souvient d’avoir lu quelque part que ce poème de Desnos était écrit sur un bout de feuille trouvé dans la poche de son costume de prisonnier… Ecrire des poèmes jusqu'au bout.

    Et on continue, dans l’après-midi calme du jour, à feuilleter des livres de poésie.

  • NE PAS OUBLIER DE ….. Regarder les gens qu’on croise dans la rue.

    Ante
    En montagne, quand on croise quelqu’un, il est d’usage de se saluer. On s’en tient le plus souvent au « bonjour », sans ralentir son pas. Il fut pourtant une époque où ceux qui se croisaient sur un chemin de montagne, bien loin de tout, s’arrêtaient pour se parler. On se disait bonjour, tout d’abord, car rien n’est plus important que la politesse. Puis on se disait où on allait. Et puis aussi d’où on venait. S’il le fallait, on se donnait des informations sur un passage du chemin : à cet endroit, un peu plus haut, juste là après les rochers, ça glisse, attention… Puis chacun reprenait sa route en se disant au revoir.
    Les montagnards sont des taiseux : on ne doit pas parler pour rien : cette façon de faire signalait combien la montagne est dure et rude, somme toute inhospitalière : il ne fait pas bon y être seul et c’est bien qu’on sache où vous allez, au cas où.

    Etat des lieux
    N’avez-vous pas déjà croisé quelqu’un dans la rue, mais à le frôler, sans même le regarder ? Ou dans un escalier ? Vous descendez. Quelqu’un monte. Qui était cette personne ?
    Et au cinéma ? Quand on fait la queue, on regarde dans le vide ou on relit pour la énième fois les affiches. Oui, on s’intéresse beaucoup aux affiches mais savons-nous combien sommes-nous à peu près, là, en ce moment même, à attendre que le cinéma ouvre ses portes ?
    Desnos, dans son dernier poème, parlait de n’être plus que l’ombre de son ombre. Croisons-nous quotidiennement des ombres ou des personnes ? Que choisissons-nous d’être ? des ombres …. des personnes…. Il me reste d’être l’ombre parmi les ombres / d’être cent fois plus ombre que l’ombre, écrivait Desnos

    Ne pas oublier de
    On pourrait ajouter sur la liste de ce qu’il ne faut pas oublier de faire : regarder les gens quand on les croise, simplement. Eviter de passer en ne regardant que ses chaussures, ou bien un horizon lointain, ou en ayant l’air préoccupé par une réflexion fondamentale sur l’imminence de la fin du monde. Accepter d’offrir son regard ouvert sur le monde. Certains ne le verront pas parce qu’ils n’imaginent pas qu’on puisse les regarder quand on les croise. D’autres seront réconfortés et se diront que la vie peut encore être douce dans ce monde incertain puisqu’un regard se sera posé sur eux.