Le regard de l’enfance a été formé par un vaste paysage dans lequel on circulait en autocar ou à pied – plutôt à pied. On traversait une baie bien lovée contre des montagnes au milieu de laquelle coulait un fleuve que le chemin suivait pour s’ouvrir jusqu’à la plage. Comme tout était grand ! De la falaise d’Abbadie au Jaizquibel, on suivait l’horizon du bout du doigt. En se tournant, on continuait à le suivre en traçant le long des Trois Couronnes et de la Rhune des lignes brisées comme se dessinent en haut d’une feuille des montagnes enfantines. On pouvait poursuivre au creux du ciel avec celles bien rondes des nuages.
On l’a gardé toujours en soi, ce paysage-là : on a regardé toujours loin devant.
hendaye
-
Ne pas oublier de regarder loin devant.
-
5 octobre 2013. Passer la soirée avec Irène et se souvenir d’un ancien Bonheur du Jour.
Passer la soirée avec un livre qu’on se promettait de lire depuis longtemps, Le Mirador, d’Elisabeth Gille. Livre impressionnant d’amour et de désarroi. Se souvenir alors d’un bonheur du jour écrit en 2010 et pour lequel on avait eu la chance d’avoir un commentaire de Denise Epstein :
Vendredi 13 août 2010. Irène Némirovsky.
Etre assise là où Irène Némirovsky elle-même s’est assise il y a plus de soixante dix ans, et être sûre que la barbarie, si elle est plus forte sur l’instant, ne gagne jamais à l’aune de l’éternité : tout à côté, là, un jeune homme allongé sur sa serviette de plage, lit avidement Suite française.