C’est peut-être parce que le soleil inondait la grande salle parsemée de tables autour desquelles des personnes âgées semblaient être tout aussi parsemées,
c’est peut-être parce qu’en entrant chacun disait bonjour,
c’est peut-être parce que les carafes de verre étaient remplies d’une eau parfaitement limpide,
c’est peut-être parce qu’on était en mai,
c’est peut-être parce que les lasagnes étaient délicieuses,
c’est peut-être parce que le mois dernier on s’était dit que ce serait peut-être bien de déjeuner ensemble quand même vu qu’on ne s’est pas vu pendant des années et qu’on l’avait fait mais qu’on n’avait sans doute pas su par où commencer,
c’est peut-être parce qu’on s’est dit qu’on pourrait déjeuner encore ensemble ce mois-ci pourquoi pas,
c’est peut-être parce qu’on a vieilli qu’on a pu se parler sans faire semblant, bien en dehors de la machinerie de la parole (1) et qu’au moment du dessert on a parlé de la mort et donc de la vie
c’est parce que, c’est sûr, toujours le silence est fécond un jour ou l’autre.
(1) La machinerie de la parole, terme utilisé par Max Picard dans Le monde du silence, éd. La Baconnière, p. 113
le monde du silence
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En dehors de la machinerie de la parole.
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Livres du matin / du midi / du soir.
Le matin, Mudra Le yoga des doigts, de Juliette Dumas et Locana Sansregret et la nième relecture du Monde du silence de Max Picard.
Le midi, un temps pour Virgile avec Virgile, de Giono, La mort de Virgile, d’Hermann Broch, L’Enéide dans la traduction de Paul Veyne et Les Géorgiques - Le souci de la terre dans la traduction de Frédéric Boyer.
Le soir, La dame en blanc de Wilkie Collins.