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le silence

  • Les appuis


    Parlez-nous d’elle
    de lui
    d'eux
    Les fronts se plissent
    Les mains s’appuient sur les masques au niveau des joues
    au niveau des bouches aussi
    pour se rappeler qu'elles sont là ces lèvres cachées
    Puis se posent sur les genoux ou sur la table
    Et comme elles ont appris, les mains, qu'on ne reste jamais les mains vides et ballantes
    Elles tortillent un mouchoir
    Chassent une poussière invisible
    Remettent une mèche de cheveux derrière une oreille
    Alors vient le silence car on n'a pas de mots
    mots masqués bouches masquées
    Alors viennent les larmes
    Des larmes
    Et encore des larmes
    Et du silence et des mains posées sur les genoux ou agrippées sur le rebord de la table
    Elles tremblent maintenant
    Et des épaules qui s’affaissent
    Et du temps offert pour les larmes qui coulent
    Excusez-moi
    Non ne vous excusez pas c’est normal de pleurer
    Et c’est bon de pleurer
    Maintenant
    Demain
    Après-demain
    Toujours certainement
    Il ne faut pas hésiter à laisser les larmes couler
    Elles sont là pour ça
    Et on est ensemble
    Pour pleurer
    Pour se taire
    Un jour on parlera peut-être peut-être pas
    On sert un café dans une jolie tasse
    On sort le sucrier qui ne sert presque jamais mais oui ça fait joli
    Et les petites cuillères tintent contre la porcelaine
    Elles sont le chant
    On a tout notre temps pour pleurer
    Dehors le ciel est tout gris
    Les fenêtres sont fouettées de pluie
    Quelqu’un dit
    Alors même le ciel pleure aussi
    Quelqu’un répond
    Eh oui !
    Et les mots arrivent les uns après les autres goutte après goutte

  • En allant chercher le pain.


    Dans la rue, il y a tellement de silence maintenant qu’on entend les abeilles aller et venir dans la glycine ainsi que le battement des ailes des tourterelles qui passent de fil en fil. C’est extraordinaire. Quelle chance de les entendre et de les emporter avec soi aussi.